Le pétrole sud-soudanais a généré 25,2 milliards de dollars (21,3 milliards d’euros) de revenus depuis 2011, dont l’utilisation a été «presque entièrement opaque», estime la Commission sur les droits de l’Homme au Soudan du Sud, agissant pour le compte du Conseil des droits humains de l’ONU.
Parallèlement, le PIB par habitant est «le quart de ce qu’il était à l’indépendance» et le Soudan du Sud figure à la 192e place sur 193 pays pour son indice de développement humain (IDH), «la plupart des gens vivant dans une pauvreté extrême et souffrant de faim aiguë», selon son rapport.
Cette catastrophe humanitaire est la «conséquence directe de la captation et du pillage des richesses nationales par une petite élite corrompue: des acteurs prédateurs qui détournent les ressources publiques à des fins personnelles», pointe ce texte.
Le rapport détaille notamment l’opacité du programme «Pétrole contre routes», censé être un programme de développement phare.
Le programme a été le principal bénéficiaire des revenus pétroliers: 2,2 milliards de dollars entre 2021 et 2024, dont 1,7 milliard de dollars sont «intraçables», selon le rapport, car les routes n’étaient pas terminées, ou elles étaient extrêmement chères ou étaient réalisées en deçà des normes promises (deux fois une voie au lieu de deux fois deux, pas de marquage au sol, etc.).
Lire aussi : Des migrants expulsés des Etats-Unis arrivés au Soudan du Sud
L’argent a été acheminé par l’intermédiaire d’entreprises de construction appartenant à Benjamin Bol Mel, devenu vice-président en février. Ce proche du président Salva Kiir, promu général lundi, est vu comme son successeur le plus probable.
Une corruption qui bénéficie de manière «disproportionnée» aux ministères relevant du parti du président Salva Kiir, qui ont dépensé «près de six fois plus» que ceux dirigés par des proches de l’ex-vice-président Riek Machar, un ratio «inexplicable», selon le document.
Ce rapport intervient alors que l’accord de partage du pouvoir entre M. Kiir et son rival de longue date, Riek Machar, s’effondre, ravivant le risque de conflit dans la jeune nation, près de sept ans après la fin d’une guerre civile qui a fait quelque 400.000 morts.
La semaine dernière, M. Machar a été inculpé pour crimes contre l’humanité en relation avec l’attaque d’une base militaire en mars. Des accusations décriés par les soutiens de l’ex-vice président, qui ont appelé lundi à une mobilisation armée pour un «changement de régime».