À Conakry, l’avant-projet de la nouvelle Constitution est sur toutes les lèvres. Et pour cause, le Conseil national de transition a lancé, le 6 novembre, une campagne de vulgarisation du contenu de cette nouvelle loi fondamentale qui promet «l’instauration de garde-fous pour prévenir les excès de pouvoir.» Une disposition qui semble séduire le jeune Mohamed Tamba qui a déjà choisi son camp, «je suis d’accord pour adopter la nouvelle Constitution parce qu’elle permet de rassembler les Guinéens. Et surtout va faciliter le développement de la Guinée dans tous les secteurs, éducation, santé...».
En plus des attentes du jeune Mohamed, cet avant-projet, présenté en juillet dernier, prévoit le bicaméralisme parlementaire, l’encadrement des pouvoirs du Président, le renforcement de l’indépendance judiciaire, l’éducation gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans et le service militaire obligatoire.
Samba Diallo, étudiant, ne partage pas l’enthousiasme de Mohamed, car il estime que «cette Constitution n’a pas respecté certains préalables et ne peut donc être adoptée. Plusieurs partis politique ont fait des courriers dans lesquels ils ont fait des propositions d’amendements. Ils n’ont reçu aucune réponse.» En plus de ces griefs, Samba Diallo estime qu’il aurait mieux valu de faire du porte-à-porte pour expliquer aux Guinéens le contenu de ce document «cela ne peut se faire en seulement un mois.»
Des tournées sont actuellement menées par les membres du Conseil national de la transition pour expliquer les grandes lignes de cet avant-projet de Constitution aux populations chez lesquelles un point semble poser problème: la candidature libre. Situation qui est loin d’inquiéter Mohamed Tamba. «Si vous prenez un grand pays comme les Etats-Unis, tout citoyen est libre de se porter candidat. Et cette mesure facilite aussi pour nous jeunes la possibilité de servir librement son pays».
Pour nombre d’observateurs, cet avant-projet de Constitution n’apporte aucune nouveauté. À la tête du pays depuis 2021, Mamady Doumbouya, ancien lieutenant-colonel, s’est engagé à organiser une «transition inclusive et apaisée» et à quitter le pouvoir après l’élection d’un gouvernement civil avant la fin de l’année 2024. Et c’est à cette échéance que le référendum constitutionnel devrait se tenir. Mais jusqu’à présent aucune date n’a été annoncée.