Me Guy Hervé Kam «a été entendu par trois juges d’instruction au tribunal militaire pour des accusations de complot contre la sûreté de l’Etat et d’association de malfaiteurs», a déclaré lors d’une conférence de presse Me Prosper Farama, membre du collectif d’avocats de M. Kam.
Il rapporte que, selon les juges d’instruction, M. Kam et d’autres personnes, dont «Mathias Ouedraogo» - à propos de qui aucune information n’a été donnée - «ont ourdi un complot pour tenter de renverser le régime» militaire «en place».
Les juges d’instruction ont également dit que Me Kam, avec d’autres, «s’est organisé pour attenter à la vie de certaines autorités», a poursuivi Me Farama.
Ces accusations sont jugées «ridicules» par le collectif.
Guy Hervé Kam avait été arrêté fin janvier par des hommes en civil, puis détenu dans les locaux de la sûreté de l’Etat.
Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate. Une décision confirmée en appel le 23 avril.
Selon le mouvement que Me Kam coordonne, Sens (Servir et non se servir), et selon l’ordre des avocats du Burkina, Guy Hervé Kam a été libéré et enlevé mercredi, puis incarcéré jeudi à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA).
Guy Hervé Kam est notamment co-fondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.
Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.
Mercredi, un ex-chef de corps militaire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, poursuivi pour «tentative de déstabilisation des institutions de l’Etat» présumée, a également été enlevé, alors qu’il avait été remis en liberté provisoire la veille, selon son entourage.
Amnesty international a condamné vendredi les «arrestations arbitraires» de MM. Kam et Zoungrana, dans un communiqué transmis à l’AFP.
«Les autorités doivent» les «libérer immédiatement», a-t-elle écrit.
Lors de son enlèvement, le «lieutenant-colonel Zoungrana» a «été contraint de suivre des hommes armés soupçonnés d’être des agents des services de renseignement, alors qu’il était conduit à son domicile de Pabré. Il n’a pas été revu depuis», a précisé Samira Daoud, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International, citée dans le communiqué.
Elle demande «aux autorités de communiquer immédiatement des informations sur le lieu où il se trouve et sur son sort, et s’il est détenu arbitrairement et secrètement, de le libérer immédiatement».
Dans un autre texte, Amnesty international a également protesté contre la «détention arbitraire» au Mali de l’économiste et professeur d’université Étienne Fakaba Sissoko, et appelé dans un courrier au ministère de la Justice malien à sa libération immédiate et sans condition.
Le Mali est aussi dirigé par un régime militaire.
M. Sissoko est l’une des rares voix dissonantes à avoir tenté de se faire entendre de l’intérieur. Il a été condamné le 20 mai à deux ans de prison, dont un ferme, pour «atteinte au crédit de l’État», «injures» et «diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique».
Il est mis en cause pour la publication en 2023 d’un livre qui dénonce la «communication gouvernementale».