M. Osih, 54 ans, jusqu’alors premier vice-président du parti, succède à John Fru Ndi, décédé le 12 juin après avoir présidé le SDF depuis sa création en 1990. Le SDF est le premier mouvement d’opposition représenté à l’Assemblée nationale avec 5 sièges sur 180 dans une chambre archi-dominée par le parti du président Paul Biya.
A 90 ans, ce dernier est régulièrement accusé par l’ONU et les ONG internationales de faire réprimer l’opposition dans ce vaste pays d’Afrique centrale de près de 30 millions d’habitants.
M. Osih a été élu avec 62% des suffrages des militants du SDF réunis en congrès face à deux autres candidats, a annoncé à l’AFP Jean Takougang, membre de la commission électorale du parti.
John Fru Ndi avait été longtemps le principal opposant, tout près de remporter la présidentielle en 1992 avec près de 36% des suffrages contre près de 40% à M. Biya. Mais, ces dernières années, le SDF a perdu du terrain, passant de 43 députés en 1997 à seulement 5 en 2023.
Lors de la présidentielle 2018, le SDF a enregistré le pire score de son histoire, Joshua Osih ne recueillant que 3,35% des voix.
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C’est le Mouvement de la Renaissance du Cameroun (MRC) qui s’est alors positionné comme premier parti de l’opposition, son leader Maurice Kamto recueillant 14,23% des suffrages contre 71,28% à M. Biya.
En juin, Amnesty international avait accusé le pouvoir de «violation des droits humains», notamment en faisant emprisonner «arbitrairement» des opposants, des civils, des journalistes, des responsables de la société civile, et en les faisant juger par des tribunaux militaires en invoquant des actes de «terrorisme».
M. Kamto avait été emprisonné neuf mois sans procès en 2019 pour des manifestations pacifiques contre le pouvoir et n’avait été libéré qu’au terme de pressions internationales. Le MRC n’a pas d’élus à l’Assemblée parce qu’il a boycotté les législatives de 2018.
En 2019 et 2020, près de 700 cadres et militants du MRC avaient été arrêtés comme M. Kamto, pendant et après des «marches incontestablement pacifiques» mais «objets de violentes répressions», avaient accusé des experts mandatés par l’ONU en novembre 2022. La plus grande partie ont été libérés après huit mois de détention sans procès mais 47 ont été condamnés à de la prison ferme en 2021 par un tribunal militaire.
Quarante-quatre sont encore emprisonnés.