L’objectif de la mission de ces deux personnes étaient «de faire un état des lieux» de la situation des défenseurs des droits humains dans ce pays de la Corne de l’Afrique, selon un communiqué commun de la FIDH et la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) publié mardi.
Dimanche soir, une chargée de programme «en mission pour la FIDH et munie d’un visa valide, se présente au contrôle frontière de l’aéroport de Djibouti. Refusant de lui donner la moindre raison, des policiers l’empoignent par les bras et l’obligent à embarquer dans un avion en partance pour Istanbul», dénonce le communiqué.
Samedi, Me Alexis Deswaef, vice-président de la FIDH, «également membre de la mission et en possession d’un visa valide, était entré sur le territoire sans problème», selon le communiqué.
Mais lundi, «après 48 heures de mission dans des conditions rendues compliquées par une filature» des services de sécurité, Deswaef «a été arrêté à son hôtel avant d’être conduit à l’aéroport et placé dans un avion pour la capitale de l’Ethiopie».
Dans un communiqué signé par le ministre de l’Intérieur, les autorités djiboutiennes ont accusé Deswaef d’être l’avocat de Daher Ahmed Farah, membre de l’opposition plusieurs fois emprisonné, «qui a poursuivi l’Etat de Djibouti devant le Conseil des droits de l’homme» de l’ONU.
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«Par conséquent, Djibouti regrette le manque de neutralité de cette mission et invite la FIDH à revenir sur le choix de son émissaire», ont conclu les autorités du pays de la Corne de l’Afrique.
Djibouti est un Etat stable en plein coeur d’une région troublée et qui suscite l’intérêt des grandes puissances. Il accueille notamment des bases militaires américaine, française et chinoise.
Le parti au pouvoir du président Ismaël Omar Guelleh, en poste depuis 1999, a remporté fin février largement et sans surprise les législatives. Les principaux partis d’opposition avaient boycotté ce scrutin.
«Le traitement subi par mes collègues est inadmissible, mais pas surprenant», déclare Alice Mogwe, présidente de la FIDH. «Ce qui l’est davantage, c’est la passivité des pays européens, des Etats-Unis et de la Chine, bien contents de profiter d’installations sur le sol djiboutien, sans se soucier du sort des populations locales».