Ethiopie: les rebelles «désengagent» 65% de leurs combattants des lignes de front au Tigré

Un jeune homme passe devant un char qui aurait appartenu aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) près de Debre Tabor, le 6 décembre 2021. - Les habitants de Lalibela, une ville du nord de l'Éthiopie qui abrite des églises médiévales taillées dans le roc, sont sous le choc de la récente occupation par le groupe d'insurgés du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Jusqu'à ce que les forces gouvernementales les chassent au cours de la dernière semaine, les rebelles ont pillé les maisons et les établissements de santé, tandis que les habitants ont perdu le contact avec le monde extérieur en raison des coupures dans les transports, l'électricité, les banques et les communications. (Photo de Solan Kolli/AFP). AFP or licensors

Le 04/12/2022 à 11h39

Environ 65% des combattants rebelles ont été « désengagés » des lignes de front dans la région du Tigré, un mois après un accord de paix signé avec le gouvernement fédéral éthiopien, a annoncé le commandant en chef des forces rebelles.

« Nous avons commencé le désengagement et la relocalisation de nos forces des lignes de front, ça se passe bien. (...) Sur (l’ensemble de) nos forces, 65% d’entre elles sont passées par ce processus, se désengageant des lignes de front, et se sont déplacées vers des lieux désignés », a déclaré à la presse samedi le chef d’état-major des forces tigréennes, Tadesse Worede.

Le commandant a toutefois évoqué la présence de « forces dans la région qui ne veulent pas la paix et sont des obstacles à la paix », en référence à l’armée érythréenne et aux forces régionales et milices de la région éthiopienne de l’Amhara, qui ont épaulé l’armée éthiopienne dans le conflit qui a débuté en novembre 2020.

« Les problèmes qu’ils créent et les abus qu’ils commettent sur la population ne sont pas secrets, nous avons donc fait une pause à certains endroits » dans les opérations de désengagement pour éviter qu’ils « poursuivent leurs atrocités sur la population, a-t-il poursuivi.

Une fois ces menaces écartées, « nous ferons (un désengagement) à 100% », a-t-il assuré.

Le général Tadesse a également indiqué que les rebelles tigréens ont « commencé à collecter (leurs) armes lourdes et à les rassembler en un endroit ».

Les rebelles tigréens et le gouvernement éthiopien ont signé le 2 novembre à Pretoria un accord de paix pour mettre fin à deux ans d’un conflit qui a ravagé le nord de l’Ethiopie.

Cet accord prévoit notamment un désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et la réouverture des accès à cette région plongée dans une situation humanitaire catstrophique.

Selon un document relatif à la mise en application de l’accord signé le 12 novembre à Nairobi, « le désarmement des armes lourdes (tigréennes) se fera simultanément avec le retrait des forces étrangères et non-fédérales ».

Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed y a envoyé l’armée fédérale arrêter les dirigeants de la région, qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales sur place.

Initialement défaites, les forces rebelles du Tigré ont repris le contrôle de la majeure partie de la région courant 2021, lors d’une contre-offensive qui a débordé en Amhara et en Afar et les a vu s’approcher d’Addis Abeba. Les rebelles se sont ensuite repliés vers le Tigré.

Le bilan de ce conflit marqué par d’innombrables exactions, qui s’est déroulé largement à huis clos, est inconnu. Mais l’International Crisis Group (ICG) et Amnesty international (AI) le décrivent comme « un des plus meurtriers au monde ».

La guerre a aussi déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.


Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 04/12/2022 à 11h39