Les Gabonais sont appelés aux urnes le 12 avril prochain pour élire leur futur président, 18 mois après le coup d’État qui a renversé la dynastie Bongo et porté au pouvoir le général Brice Oligui Nguema, le 30 août 2023.
Il avait promis de rendre le pouvoir aux civils après deux ans de transition. Le régime militaire a finalement proposé un calendrier accéléré et le nouveau code électoral, voté en janvier, a permis au général Oligui d’effectuer une «mise à disposition temporaire» de son rôle de militaire pour pouvoir briguer un mandat de sept ans.
Sept autres candidats sont en lice, parmi lesquels l’ancien Premier ministre du président déchu Ali Bongo, Alain-Claude Bilie By Nze - que la presse gabonaise présente comme l’adversaire le plus sérieux de M. Oligui.
Un juriste inspecteur des impôts, Joseph Lapensée Essingone, et un médecin, Stéphane Germain Iloko Boussengui, ainsi que Axel Stophène Ibinga Ibinga, Alain Simplice Boungoueres, Thierry Yvon Michel Ngoma et Zenaba Gninga Chaning, la seule femme, sont également en course.
Pré-campagne
Si la campagne ne débute que samedi, M. Oligui a intensifié ses déplacements sur le terrain : pour inaugurer des routes, lancer des chantiers ou assister à des messes. Sa femme Zita a participé à cette pré-campagne, à ses cotés et en animant mi-mars un grand meeting de femmes.
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Sa plateforme, le «Rassemblement des bâtisseurs», a reçu le soutien d’innombrables mouvements et associations et sa parole d’ordinaire rare dans les médias s’est multipliée ces dernières semaines. Il a notamment donné mardi sa première interview filmée à un média international.
Un premier meeting d’ouverture est prévu samedi par le candidat Oligui à Libreville.
Son rival Alain Claude Bilie By Nze l’accuse, notamment pour son rôle d’ancien chef de la garde présidentielle d’Ali Bongo (président de 2009 à 2023), d’être la continuité du système des Bongo et du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir pendant 55 ans, et réclame une «rupture totale».
Il a décliné dans une conférence de presse mercredi ses premiers arguments de campagne, se posant en faveur d’un «virage libéral» et «d’une stratégie de reconquête de (la) souveraineté industrielle» du Gabon.
Il a aussi promis de donner la priorité à la «rénovation urbaine» et la création d’un «minimum jeunesse».
Famille Bongo
Le sort réservé à l’ancienne première dame, Sylvia Bongo, et son fils Noureddin, s’est imposé comme une thématique importante.
Le candidat Bilie By Nze a réclamé mi-mars un «procès» pour ces membres de la famille Bongo incarcérés à Libreville depuis 18 mois sans jugement.
L’ex-première dame a été inculpée pour «blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux», et son fils notamment pour «corruption» et «détournements de fonds publics».
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Ils auront le droit à un «procès équitable», a assuré mardi au micro de la radio RFI M. Oligui, en indiquant que la justice disposait de «preuves» contre les accusés.
«Selon le code gabonais, pour des crimes, on peut aller jusqu’à deux ans d’enquête» a-t-il ajouté, sans évoquer de date pour le procès.
François Zimeray, avocat des Bongo, a contesté mercredi dans un communiqué «la position de Brice Clotaire Oligui Nguema selon laquelle la mère et le fils pouvaient s’attendre à un procès équitable, étant donné qu’il les avait déjà déclaré coupables à plusieurs reprises, y compris dans les dernières interviews télévisées».
Les avocats des Bongo ont réaffirmé dans le texte avoir «reconnu» des marques de torture sur le corps du fils de l’ex-président Ali Bongo, notamment des «marques caractéristiques des chocs électriques», et disent aussi que leur client indique avoir été «soumis à la torture par noyade».
L’épouse d’Ali Bongo a également été «étranglée» et «frappée», selon M. Zimeray, contacté par l’AFP par téléphone.
Ces accusations ont été niées par le président Oligui et la justice gabonaise.
Une information judiciaire a été ouverte en janvier à Paris sur le sort de Sylvia et Noureddin, tous deux de nationalité française.
L’ex-président Ali Bongo, lui, vit dans sa résidence privée de Libreville, «libre de quitter le pays» selon le gouvernement.