Les scrutins sont prévus pour le 27 septembre 2025, avec un second tour des élections législatives fixé au 11 octobre. En attendant ces rendez-vous, le constat est sans appel: seuls le parti présidentiel, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), et son encombrant allié, l’ex-parti au pouvoir PDG, parviennent à sillonner le territoire national. Forts de leurs moyens– ceux de l’État pour le premier et les restes d’un «trésor de guerre» constitué pendant un demi-siècle de pouvoir pour le second–, ils contrastent avec une opposition et des indépendants en manque de ressources.
Au cœur des tensions, la question du «franc électoral», une subvention publique prévue par la loi de finances pour aider les candidats à financer leur campagne. Alors que la bataille a commencé, le ministère de l’Intérieur affirme que le dossier «fait l’objet d’une étude par le gouvernement». Une situation qui laisse peu d’espoirs aux acteurs non-alignés de voir les fonds débloqués avant le jour du vote.
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Pour Geoffroy Foumboula Libeka, coordonnateur du mouvement «Majorité Bloquante» qui présente des candidats, cette carence n’est pas anodine. «J’ose espérer que ce n’est pas une stratégie pour étouffer financièrement les candidats autres que ceux du pouvoir et ceux des alliés», alerte-t-il, pointant un «dysfonctionnement» qui sape l’équité du scrutin.
Un fichier électoral qui «inquiète»
Au-delà de l’argent, c’est la base même de l’élection qui est contestée. Alain Claude Bilie By Nzé, président d’«Ensemble pour le Gabon», avec une vingtaine de candidatures en lice, pointe du doigt l’opacité entourant le fichier électoral. «On nous a dit qu’il y a 950.000 électeurs par circonscription pour la présidentielle d’avril. Là, pour les élections législatives et locales on nous donne le nombre d’électeurs global mais pas plus par circonscription. C’est une situation qui nous inquiète», déplore-t-il.
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Ces éléments alimentent les craintes de l’opposition sur «l’impréparation» du double scrutin. Pour elle, les conditions d’une consultation transparente et crédible ne sont pas réunies.
Face à ces critiques, le gouvernement se défend de toute volonté de biaiser le jeu électoral. Un son de cloche divergent, chez Emmanuel Mvé Mba, candidat aux législatives et municipales, appelle à la prudence. «Je ne voudrais pas me lancer dans cette bataille juridique. Tout simplement parce que j’estime que le ministère chargé des élections est un maçon à juger au pied du mur», tempère-t-il, concédant de simples «dysfonctionnements» non susceptibles, selon lui, de «remettre la sincérité des opérations».
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Ces élections sont les premières depuis la présidentielle d’août 2023 et la transition politique qui a suivi. Elles représentent un test crucial pour la crédibilité des institutions renouvelées et la profondeur de la réforme promise.
L’incapacité de garantir un processus équitable, notamment par le déblocage des fonds et la communication transparente des données électorales, risque non seulement d’entacher la légitimité des futurs élus, mais aussi de nourrir un profond sentiment de désillusion chez les électeurs gabonais, déjà méfiants après des décennies de contestations électorales.
Pour les observateurs, la balle est désormais dans le camp de l’administration et du gouvernement pour démontrer, par des actes concrets et dans un calendrier extrêmement serré, que la équité n’est pas qu’un mot mais le fondement de cette nouvelle séquence démocratique.
Selon le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, plus d’une vingtaine de partis politiques légalement reconnus et de nombreux candidats indépendants sont en lice pour conquérir les électeurs depuis le 17 septembre, date du début de la campagne officielle.