Selon le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, plus d’une vingtaine de partis politiques légalement reconnus et de nombreux candidats indépendants sont en lice pour conquérir les électeurs dès ce 17 septembre, date du début de la campagne officielle. Cette configuration témoigne d’une évolution significative du paysage politique gabonais, historiquement dominé par le Parti démocratique gabonais (PDG), aujourd’hui affaibli par une implosion interne suite au coup d’État d’août 2023.
Le ministre y voit un signe de «maturité politique»: «Ces candidats qui appartenaient à des formations politiques ont pensé à un destin d’indépendant ou sous une autre bannière, et c’est à saluer. […] Peut-être que cette maturité portée par des indépendants sont des prémices des partis politiques en composition».
Défis logistiques et transparence
Le double scrutin représente un défi organisationnel majeur pour le gouvernement gabonais. Le ministère de l’Intérieur assure être prêt à relever ce défi, malgré la complexité induite par la mobilisation des ressources au niveau national et au sein de la diaspora, qui disposera de deux sièges de députés conformément au nouveau découpage électoral.
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La Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER), opérationnelle depuis juillet 2025, a supervisé la révision des listes électorales et la distribution du matériel, déjà prêt à 90% selon des vérifications récentes.
Cependant, des inquiétudes persistent quant à la transparence et l’équité du processus. Fin août, le président Brice Clotaire Oligui Nguema avait alerté sur d’éventuelles irrégularités dans les listes de candidatures, exigeant «transparence, rigueur et respect des règles». Certains candidats, comme Jean Rémy Yama (PNTP), ont initialement été exclus des listes avant que des rectifications ne soient apportées. Le ministre Immongault a reconnu ces défis, mais affirmé que toutes les dispositions étaient prises pour garantir un scrutin crédible.
Diaspora et observateurs internationaux
Pour la première fois, les Gabonais de l’étranger participeront directement à l’élection de deux députés représentant leurs intérêts. Des commissions consulaires électorales ont été mises en place, comme en France, pour organiser le scrutin dans la diaspora. Par ailleurs, la présence d’observateurs nationaux et internationaux a été confirmée pour superviser le déroulement du vote et du dépouillement, bureau par bureau, en présence des médias. Cette mesure vise à renforcer la confiance des citoyens, après une présidentielle d’avril 2025 saluée pour son organisation pacifique et transparente.
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Ces élections législatives et municipales s’inscrivent dans la feuille de route transitionnelle menée par le président Oligui Nguema, qui a promis de restaurer l’ordre constitutionnel après le coup d’État de 2023. Le scrutin doit doter le Gabon d’institutions démocratiques stables, avec un Parlement reflétant la pluralité politique. Cependant, le faible taux de validation des candidatures (60%) et la sous-représentation des partis traditionnels soulèvent des questions sur l’inclusivité du processus.
Le ministre Immongault reste optimiste: «Je crois que les uns et les autres vont tirer les leçons de ce premier jet de telle sorte que la coloration que nous aurons de notre parlement puisse refléter véritablement ce que nous voulons». Reste à voir si ces élections marqueront une rupture définitive avec les pratiques passées et ouvriront une ère de renouveau démocratique.