Frank-Walter Steinmeier est actuellement dans la capitale Windhoek pour rendre hommage à son homologue namibien Hage Geingob, figure de l’indépendance et ardent opposant au régime d’apartheid en Afrique du Sud, décédé le 4 février et qui doit être inhumé dimanche.
Lors d’une cérémonie commémorative samedi, McHenry Venaani, chef du Mouvement démocratique populaire (PDM, opposition) s’est directement adressé à M. Steinmeier.
«Notre peuple attend que l’affaire du génocide allemand en Namibie soit réglée», a-t-il déclaré.
«Nous vous demandons, à votre retour, de faire en sorte que ce qui se trouve sur la table des négociations débouche sur un accord respectable au nom de notre peuple. D’un accord honorable qui nous permette de clore ce chapitre».
Le chef de l’Etat allemand, contrairement à celui de la Namibie, a un rôle de représentation sans grand pouvoir et ne serait pas directement impliqué dans la fixation d’un montant de compensation.
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M. Steinmeier a cependant déclaré que l’Allemagne s’engageait à améliorer les relations entre les deux pays. «Le chemin de la réconciliation sur lequel nous nous sommes engagés il y a près de dix ans n’a pas été facile, mais ensemble, nous sommes allés très loin et nous voulons aller encore plus loin», a-t-il déclaré.
«J’espère pouvoir revenir très bientôt et dans d’autres circonstances, car je suis convaincu qu’il est grand temps de présenter des excuses au peuple namibien», a-t-il poursuivi.
L’un des derniers actes de M. Geingob, avant sa mort à l’âge de 82 ans, avait été de déplorer ce qu’il a appelé «l’incapacité de l’Allemagne à tirer les leçons de son histoire horrible».
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L’Allemagne fut responsable dans le pays d’Afrique australe de massacres des peuples indigènes Herero et Nama, que de nombreux historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. Au moins 60.000 Hereros et environ 10.000 Namas furent tués entre 1904 et 1908.
En mai 2021, après plus de cinq ans d’âpres négociations, l’Allemagne a reconnu avoir commis un «génocide» sur ce territoire qu’elle a colonisé entre 1884 et 1915 et promis une aide au développement de 1,1 milliard d’euros sur trente ans, qui doit profiter aux descendants des deux tribus.
L’Allemagne a souligné que cette aide sera versée sur «une base volontaire» et que l’accord n’est pas comparable à des «réparations». De nombreux Namibiens ont rejeté l’accord, estimant que les descendants des Hereros et des Namas n’avaient pas suffisamment été impliqués dans les négociations.