Ce général de réserve, ancien militaire, l’avait pourtant promis: il ne ferait qu’un seul mandat. Début mars, M. Embalo est revenu sur sa parole et a annoncé sa candidature «pour le bien de ce pays».
«Je serai candidat, cela (ne fait) l’ombre d’aucun doute, et je vais gagner dès le premier tour», avait déclaré à l’AFP le président.
Ancien Premier ministre (2016-2018) de l’ex-président José Mario Vaz (2014-2019), Umaro Sissoco Embalo, 52 ans, a été porté au pouvoir après le second tour de l’élection présidentielle en décembre 2019, lors d’un scrutin très contesté.
Victoire contestée
M. Embalo s’est autoproclamé président, tout comme son adversaire, Domingos Simoes Pereira, un ancien Premier ministre et chef du PAIGC, le parti ayant mené à l’indépendance en 1974 de la Guinée-Bissau, ex-colonie portugaise.
La victoire de M. Embalo, validée par la Cour suprême, a finalement été reconnue par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), après quatre mois de blocage post-électoral à la suite d’un bras de fer entre les deux adversaires.
Depuis, le président affirme avoir été la cible de deux tentatives de coups d’État, en février 2022 et en décembre 2023, dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest habitué aux troubles politiques et dont l’histoire est jalonnée de putschs et de tentatives de coups de force.
Trois jours après les affrontements de décembre 2023, présentés comme une tentative de «coup d’État», le président a dissous l’Assemblée nationale alors dominée par l’opposition.
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Domingos Simoes Pereira, à l’époque président du Parlement et adversaire de M. Embalo, avait dénoncé un «coup d’État constitutionnel» de la part de ce dernier.
Après avoir repoussé des élections législatives prévues en novembre dernier, le président a fini par annoncer des élections présidentielle et législatives pour le 23 novembre prochain.
La coalition d’opposition Pai Terra Ranka, emmenée par M. Pereira, considère que le mandat de M. Embalo a expiré le 27 février dernier, cinq ans après sa prestation de serment, et ne le reconnaît plus comme président.
Umaro Sissoco Embalo «essaie de prolonger son mandat autant que possible afin de consolider son emprise sur le pouvoir, pour s’assurer qu’il fera face à une opposition désorganisée aux élections», analyse Pedro Seabra, directeur adjoint du Centre d’études internationales de Lisbonne.
Arrivé au pouvoir en se présentant en outsider, M. Embalo «s’est montré très habile à monter les différents partis de Guinée-Bissau les uns contre les autres», poursuit M. Seabra, qui décrit une «présidence populiste».
Fonds libyen
Sur le plan politique, M. Embalo est le vice-président du Madem, mouvement qu’il a fondé avec des dissidents du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a mené la lutte pour l’indépendance du Portugal en 1974 et dominé la vie politique jusqu’en 2019.
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M. Embalo, spécialiste des questions de défense et géostratégiques, est surnommé «le général» par ses partisans, bien qu’il ait quitté l’armée dans les années 1990.
Il a été le représentant en Afrique de l’Ouest d’un fonds d’investissement libyen. Pendant la campagne de 2019, lors de ses meetings et sur les bulletins de vote, cet homme polyglotte portait un célèbre keffieh rouge et blanc rappelant le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi (1969-2011).
Ce père de trois enfants, «musulman marié à une chrétienne», s’était posé en «rassembleur», tout en critiquant vertement la gestion du PAIGC.
Durant la campagne présidentielle, il avait appelé tous les Bissau-Guinéens, dont beaucoup vivent à l’étranger, à «contribuer au développement de ce pays martyrisé».
Né dans la capitale Bissau, ce membre de l’ethnie peule, l’une des principales du pays, a fait des études de sciences sociales et politiques en Espagne et au Portugal.
Amateur de foot - il est supporter du Standard de Liège, en 1ère division belge -, il parle portugais, espagnol, français, anglais et arabe.
S’il arrive au bout de son mandat, M. Embalo sera le second chef d’État du pays depuis l’instauration du pluripartisme à terminer son mandat sans être destitué ou assassiné.