Ibrahima Kassory Fofana, qui est incarcéré depuis avril 2022, a été le Premier ministre de l’ancien président Alpha Condé de mai 2018 à septembre 2021, date à laquelle le gouvernement a été renversé par un coup d’Etat militaire.
Lors de l’audience, la procureure à la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), Aminata Kaba, a aussi réclamé une amende de cinq milliards de francs guinéens (551 267 euros) et une saisie de tous les biens de M. Fofana dont trois comptes bancaires.
La Crief est une juridiction anti-corruption instituée par les militaires qui ont renversé le président Alpha Condé (2010-2021). Le verdict a été mis en délibéré au 13 février.
La Crief reproche à l’ancien Premier ministre des malversations sur 15 milliards de francs guinéens (plus de 1,6 million d’euros) destinés à la gestion anti-covid et à des programmes économiques et sociaux, sous M. Condé.
M. Fofana est l’un des nombreux anciens dirigeants et figures de l’opposition ou de la société civile incarcérés ou inquiétés sous la junte.
Les militaires ont officiellement fait de la lutte contre la corruption réputée endémique en Guinée un de leurs grands combats proclamés.
La junte a ordonné en novembre 2022 d’engager des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres, notamment pour des faits présumés de corruption.
Le 18 décembre, la Crief a condamné l’ancien ministre de la Défense Mohamed Diané à cinq ans de prison et 505 milliards de francs guinéens (environ 55 millions d’euros) de dommages et intérêts, pour détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et corruption d’agents publics.
Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, a assuré qu’il n’y aurait pas de «chasse aux sorcières». L’opposition dénonce la répression des libertés et l’instrumentalisation de la justice.