Guinée: le procès du massacre du 28 septembre relancé par les révélations de Toumba

Procès du massacre du 28 septembre 2009.

Le 30/10/2022 à 15h27

VidéoLe procès des évènements douloureux du 28 septembre 2009 en Guinée se poursuit. Presque un mois après l’ouverture de ce procès, l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara s’est présenté pour la quatrième fois à la barre.

Aboubacar Sidiki Diakité, dit «Toumba», continue encore de susciter un réel engouement pour ce procès. Certaines de ses reparties sont même devenues célèbres. Pour son avocat, Me Paul Yomba, impossible de douter de sa bonne foi: «Toumba vit dans le véritable, il a décidé de dire la vérité et il pense que seule la vérité l’affranchira.» Et de formuler les vœux de son client: «Il voudrait que, sincèrement, les auteurs de ces atrocités, ceux-là qui en ont été les concepteurs, ceux-là qui ont fabriqué cette vilaine fable contre les citoyens de leur propre pays, soient connus et que les sanctions à la hauteur de leur forfaiture soient infligés.»

Contrairement à l’accord de départ, les avocats de la défense ne semblent plus vouloir se soutenir. Me Emmanuel Bamba, l’avocat de Marcel Guilavogui, un autre accusé, pense que Toumba, qui a fait plusieurs révélations sur son client, n’est pas sincère: «Toumba à un caractère que j’apprécie, c’est son intelligence. Mais cette intelligence, il l’utilise négativement, il l’utilise pour séduire une communauté à majorité musulmane surtout. Vous comprenez ici que la religion compte beaucoup.»

Décidé à charger Toumba, qui a révélé que Marcel Guilavogui était au stade le jour des événements tragiques, Me Bamba explique qu’«il faut être mûr pour comprendre ce Toumba Diakité, car il a préparé savamment sa défense. Il faut être intelligent, criminologue pour le comprendre.» Pour prouver la sincérité de l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara, Me Yomba assure, pour sa part, qu’«aucune question ne le dérange, puisqu’il est attaché à la légalité, au droit, aux faits, à la réalité et surtout prêt à édifier le peuple».

Lors de ce procès, les avocats de la défense s’attaquent non seulement entre eux, mais s’en prennent aussi au tribunal. «Pour un procès criminel, comme celui du 28 septembre, jusqu’à présent, les accusés n’ont pas les pièces du dossier. Quand le tribunal va-t-il mettre ces dossiers à leur disposition? C’est extrêmement grave», se plaint Me Bamba.

Notons par ailleurs qu’un incident a été enregistré lors de ce procès. Il s’agit de propos ethniques et discriminatoires tenus par un avocat de la défense qui ont amené le bâtonnier à demander une concertation entre les avocats, pour un rapide rappel des règles.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 30/10/2022 à 15h27