Selon la Commission des salaires et des rémunérations (SRC), chargée de fixer les rémunérations des agents gouvernementaux et des agents publics, le salaire mensuel du président va passer samedi de 1,443 million de shillings (environ 9.430 euros) à 1,546 million, environ 10.100 euros.
Le salaire du vice-président Rigathi Gachagua va augmenter de 140.250 shillings (915 euros) pour atteindre 1,367 million (8.900 euros).
Au Kenya, le salaire minimum est de 15.000 shillings, environ 100 euros.
Ces augmentations de salaire entreront en vigueur samedi, dans l’attente d’un débat public qui pourrait les invalider, mais dont la date n’a pas encore été fixée.
Cette mesure a été largement critiquée sur les réseaux sociaux. Le président Ruto a tenté de désamorcer la polémique en déclarant vendredi qu’il fallait s’«assurer que l’écart entre la personne qui la moins bien payée et la personne la mieux payée ne soit pas trop grand».
L’augmentation des salaires du chef de l’Etat et de plusieurs autres membres du gouvernement - qui doivent en moyenne croître de 14% sur deux ans - intervient alors les prix à la pompe vont fortement augmenter au 1er juillet après un doublement des taxes sur les carburants voté par le parlement.
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Cette hausse des prix des carburants est la conséquence de la promulgation lundi par M. Ruto d’une loi de finances instaurant de nombreuses nouvelles taxes.
Le texte prévoit notamment une hausse de la TVA sur les carburants de 8 à 16%, ainsi qu’un impopulaire prélèvement sur les salaires pour financer un programme de logement à bas prix. Initialement prévu à 3%, il a été réduit à 1,5%.
Désobéissance civile
Le chef de l’opposition Raila Odinga a demandé à ses partisans de boycotter les taxes, les enjoignant notamment à recourir au covoiturage.
«Par la désobéissance civile, nous refuserons à Ruto les impôts qu’il pense pouvoir nous extorquer par la force», avait déclaré M. Odinga à des milliers de personnes, mardi, lors d’un rassemblement.
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Entre mars et mai, la coalition d’opposition Azimio a organisé des manifestations antigouvernementales qui ont fait, selon les autorités, trois morts.
M. Ruto, élu en août 2022, a fait campagne sur la promesse de relancer l’économie et de soutenir les plus défavorisés.
Mais après être arrivé au pouvoir, suscitant colère et incompréhension, il a réduit les subventions alimentaires et énergétiques introduites par son prédécesseur, Uhuru Kenyatta, dont il fut le vice-président.
Locomotive économique d’Afrique de l’Est, le Kenya, qui compte environ 53 millions d’habitants, fait face à une forte inflation (+8% sur un an en mai) et à une sécheresse historique. La croissance a plafonné à 4,8% en 2022, bien loin des 7,6% atteints en 2021.
La dette publique kényane culmine en outre à 65 milliards d’euros, soit environ 67% du produit intérieur brut, et son remboursement devient de plus en plus coûteux avec la dépréciation continue du shilling.