Dans un rapport intitulé «Tous des comploteurs: comment la Tunisie se sert de la détention arbitraire pour écraser la dissidence», l’ONG documente en détail «les cas de 22 personnes incarcérées sur la base d’accusations abusives, y compris de terrorisme», après des déclarations publiques ou en lien avec leurs activités politiques.
«Les autorités tunisiennes ne s’étaient pas livrées à une telle répression depuis la Révolution de 2011″ ayant entraîné la chute du dictateur Ben Ali, estime Bassam Khawaja, directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW, cité dans le communiqué.
Selon M. Khawaja, le président Saied «a fait replonger le pays dans une ère de prisonniers politiques, dérobant au peuple tunisien les libertés civiques arrachées de haute lutte».
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HRW a appelé les autorités à libérer «immédiatement» toutes les personnes «arbitrairement détenues» et à «cesser de poursuivre des personnes en justice pour avoir exercer leurs droits» fondamentaux.
Depuis l’été 2021, quand M. Saied avait limogé son Premier ministre et suspendu le Parlement avant de le priver de l’essentiel de ses pouvoirs lors d’une révision constitutionnelle, « les autorités ont fortement accru leur répression de la dissidence ».
Selon HRW, en janvier 2025, plus de 50 personnes étaient encore incarcérées «pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits».
Au moins 14 risquent la peine capitale, sur laquelle existe un moratoire mais qui reste un verdict possible.
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Parmi ces détenus «arbitraires», on trouve des avocats, des opposants politiques dont le chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, Rached Ghannouchi, ou la nostalgique des ères Ben Ali et Bourguiba, Abir Moussi, des défenseurs des droits, notamment des migrants, des journalistes et des influenceurs.
Dans son rapport, HRW estime que le président Saied «attise le ciblage de la dissidence par les forces de sécurité et les autorités judiciaires».
HRW publie son rapport au beau milieu d’un procès contre près de 40 personnalités, opposants politiques et hommes d’affaires, accusés de «complot contre la sûreté de l’Etat», qui au moment de leur arrestation début 2023 avaient été qualifiés de «terroristes» par le président Saied.