Les troupes ont «sécurisé complètement» l’aéroport international, où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) étaient positionnés depuis le début du conflit avec l’armée en avril 2023, a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’armée, Nabil Abdallah.
Après un an et demi de défaites, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane a renversé la situation fin 2024 en s’imposant dans le centre du pays avant de se diriger vers Khartoum. Et elle semble en passe d’être maîtresse de la capitale soudanaise.
L’armée a lancé en janvier l’offensive pour reprendre la capitale d’où elle avait été chassée par les FSR après le début de la guerre en avril 2023 entre les FSR de Mohamed Hamdane Daglo et l’armée du général Burhane, deux anciens alliés devenus rivaux.
Depuis vendredi, l’armée a repris le palais présidentiel à Khartoum, la banque centrale, le siège des services de renseignement et le Musée national.
Interrogées sur cette progression rapide de l’armée, les FSR n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
«Il n’y a plus de FSR»
Deux sources médicales ont indiqué à l’AFP que les FSR avaient évacué mercredi l’hôpital Tamayoz, situé juste au sud de l’aéroport, qu’elles utilisaient pour soigner leurs combattants.
«Il n’y a plus de FSR dans le quartier Sahafa depuis mercredi soir», a déclaré à l’AFP Ossama Abdel Qader, un habitant de ce quartier du centre de Khartoum.
Des images partagées sur les réseaux sociaux ont montré des habitants du centre de Khartoum célébrant la retraite des paramilitaires.
«Dans le sud de la capitale, nos forces ont encerclé la zone stratégique de Jebel Awliya», le dernier grand bastion des FSR dans la capitale, a indiqué une source militaire sous le couvert de l’anonymat.
Selon elle, les paramilitaires traversent le Nil Blanc par le pont de Jebel Awliya pour rejoindre l’ouest du pays, notamment le Darfour, une région presque entièrement sous leur contrôle.
Jusqu’à mercredi, les FSR contrôlaient Jebel Awliya, ainsi que les faubourgs ouest et sud d’Omdourman, proche banlieue de Khartoum.
A Khartoum, au moins 3,5 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile en raison des combats, selon les chiffres des Nations unies.
Des millions d’autres, incapables ou ne voulant pas partir, ont du affronter la faim, subir des violences et les bombardements de leurs maisons par les deux belligérants, d’après l’ONU et des organisations de défense des droits humains.
«Attaques permanentes»
Depuis avril 2023, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué une crise humanitaire majeure.
Elle a également divisé ce pays pauvre, avec l’armée contrôlant l’est et le nord, et les FSR presque tout le Darfour et des parties du sud.
Et selon des analystes, le conflit est loin d’être terminé car aucune des deux parties n’est «prête à reculer».
La veille, des témoins ont fait état d’au moins 270 morts dans un bombardement sur un marché de Tora lundi au Darfour-Nord, imputé à l’armée qui a démenti viser les civils. L’AFP n’a pas pu confirmer ce bilan de source indépendante.
Les Nations unies ont exprimé une vive inquiétude face aux «attaques permanentes contre les civils», dans tout le pays, y compris le raid à Tora et une attaque d’artillerie des RSF contre une mosquée de Khartoum dimanche.
Les Etats-Unis ont imposé des sanctions à MM. Burhane et Daglo, accusant spécifiquement ce dernier de génocide au Darfour.