L’expulsion de personnes vers des pays tiers - dans lesquels elles n’ont souvent jamais vécu - est l’un des grands piliers de la politique anti-immigration de la nouvelle administration Trump.
En Afrique, l’Eswatini, le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud ont accepté ces derniers mois des personnes expulsées par les Etats-Unis.
Jeudi soir, le ministre des Affaires étrangères burkinabè a affirmé que son pays avait refusé cette proposition américaine.
La question «était de voir si le Burkina Faso, en dehors de nos propres ressortissants, était prêt à recevoir d’autres personnes qui seraient expulsées par les Etats-unis», a déclaré à la télévision nationale Karamoko Jean Marie Traoré.
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«Naturellement, cette proposition que nous avions jugée en son temps indécente est totalement contraire à la valeur de dignité qui fait partie de l’essence même de la vision du capitaine Ibrahim Traoré», le chef du régime militaire, a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent quelques heures après l’annonce par l’ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou de la suspension des services réguliers de la plupart des catégories de visas aux personnes résidant au Burkina Faso.
L’ambassade américaine à Lomé a été désignée pour accueillir désormais les demandes de visas burkinabè.
Selon M. Traoré, le Burkina Faso «fait partie d’une liste d’Etats dont les ressortissants n’ont pas respecté les consignes en matière d’usages de visas» selon une note verbale américaine.
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«S’agit-il d’une mesure de pression? S’agit-il d’un chantage? Dans tous les cas...le Burkina Faso est une terre de dignité, une destination et non pas une terre de déportation», a lancé Karamoko Jean Marie Traoré.
L’Eswatini a accepté d’accueillir jusqu’à 160 personnes expulsées des Etats-Unis contre une aide financière de 5,1 millions de dollars (4,3 millions d’euros) «pour renforcer ses capacités de gestion des frontières et des migrations», selon un accord que l’AFP a pu consulter.
Début septembre, le Ghana a accueilli onze personnes originaires d’Afrique de l’Ouest, avant d’en expulser au moins six d’entre elles vers le Togo, rendant leur situation d’autant plus complexe et suscitant les critiques de défenseurs des droits humains.
Le Burkina Faso est dirigé par une junte militaire souverainiste arrivée au pouvoir après un coup d’Etat en septembre 2022.