Cette mobilisation, largement pacifique, contre le projet de budget du gouvernement instaurant de nouvelles taxes, s’est rapidement transformée en un mouvement national de défiance contre le gouvernement du président William Ruto.
Le chef de l’Etat a annoncé retirer le texte le 26 juin, au lendemain d’une journée de violences marquée par la prise d’assaut du Parlement par les manifestants. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule.
Selon l’agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation le 18 juin. Human Rights Watch a fait état d’un bilan de 31 morts et un groupement d’ONG locales, dont la branche kényane d’Amnesty, de 24 morts.
Le président a, lui, évoqué dans une interview dimanche 19 morts, estimant n’avoir «pas de sang sur les mains» et que la police «a fait de son mieux» pour maintenir l’ordre.
Mardi matin, de nombreux magasins sont restés fermés dans le centre d’affaires (CBD) de la capitale Nairobi, épicentre des précédentes manifestations, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Depuis la journée meurtrière du 25 juin, les appels à la mobilisation ont été diversement suivis par la jeunesse, qui constitue le coeur du mouvement.
Jeudi, la «Génération Z» (jeunes nés après 1997) était largement absente d’une journée qui s’est résumée à des échauffourées entre de petits groupes et la police, certains tentant de s’en prendre à des commerces.
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Dimanche, un rassemblement en hommage aux victimes a rassemblé quelques centaines de personnes, qui ont ensuite défilé pacifiquement en scandant «Ruto must go» («Ruto doit partir») et «Tuesday Holiday» («mardi jour férié»).
Elu en août 2022 en promettant de défendre les plus modestes, le chef de l’Etat a depuis pris des mesures d’austérité, créé et augmenté plusieurs impôts et taxes qui ont durement frappé le pouvoir d’achat des Kényans.
Ces mesures fiscales douloureuses sont nécessaires, selon lui, pour redonner une marge de manœuvre au pays, lourdement endetté. Les augmentations de taxes prévues devaient permettre de financer l’ambitieux budget 2024-25 tablant sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses, un record.
«Nous aurions dû mieux communiquer», a-t-il estimé dimanche. Retirer le texte aura «de très lourdes conséquences», a-t-il averti: «Cela signifie que nous sommes revenus presque deux ans en arrière et que cette année, nous allons emprunter 1.000 milliards de shillings» (7 milliards d’euros).
La dette publique du pays s’élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d’euros), soit environ 70% du PIB.