La mesure fait craindre une répétition du scénario vécu en Tanzanie voisine, où internet avait été coupé plusieurs jours à partir du 29 octobre, date d’élections jugées frauduleuses par des observateurs étrangers. Des manifestations anti-pouvoir avaient été réprimées dans le sang, avec plus de 2.000 personnes tuées selon l’opposition, dans l’opacité la plus totale.
Le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, briguera à 81 ans un nouveau mandat face à Bobi Wine, le nom de scène de Robert Kyagulanyi, chanteur très populaire de 43 ans devenu le visage de l’opposition.
Selon des documents officiels vérifiés par l’AFP, le pays veut restreindre l’accès à Starlink, propriété de la société SpaceX du multimilliardaire américain Elon Musk.
La Commission ougandaise des communications s’est dans un document officiel daté de mardi dite « préoccupée par l’importation d’appareils permettant les connexions par satellite (...) tels que Starlink » sans autorisation. Ceux-ci posent selon elle une « menace aux infrastructures de communication et de sécurité » du pays.
Aucun de ces dispositifs ne peut être importé ni connecté sans avoir été préalablement approuvé par la Commission, a rappelé celle-ci, assurant n’en avoir jusqu’ici approuvé aucun.
Dans une note de service du 19 décembre, le commissaire des douanes ougandaises avait ordonné à son personnel que tout équipement Starlink entrant dans le pays soit conditionné à une autorisation par le chef de l’armée Muhoozi Kainerugaba, fils de Yoweri Museveni.
«Pourquoi ont-ils si peur que les gens accèdent à internet pendant la période électorale?», s’est interrogé Bobi Wine sur X, décriant un régime «paralysé par la peur».
L’opposant a dénoncé des attaques répétées des forces de sécurité lors sa campagne.
Fin novembre, une personne avait été tuée et trois blessées par des policiers lors d’un de ses rassemblements. Bobi Wine avait accusé la police d’avoir tiré à balles réelles.
Lors de la précédente présidentielle en 2021, internet avait été bloqué cinq jours, le gouvernement ayant évoqué des raisons de sécurité nationale.
Les services de Starlink, qui reposent sur une constellation de plus de 6.000 satellites déployés en orbite basse, permettent à leurs clients équipés d’un terminal de bénéficier d’une connexion internet, notamment dans des zones reculées, ainsi qu’en cas de limitation ou d’interruption des télécommunications terrestres.
