Malawi: l’ex-président Mutharika remporte la présidentielle avec 56,8% des votes

Peter Mutharika, président élu du Malawi.

Le 25/09/2025 à 07h56

L’ex-président Peter Mutharika a remporté la présidentielle au Malawi avec 56,8% des votes lors des élections de la semaine dernière, a annoncé la commission électorale mercredi, après que le chef de l’Etat sortant, Lazarus Chakwera, a concédé la défaite.

L’ex-président Peter Mutharika, 85 ans, revient au pouvoir au Malawi, pays pauvre d’Afrique australe plongé dans une grave crise économique, en remportant la présidentielle dès le premier tour avec près de 57% des votes.

La commission électorale a annoncé mercredi soir qu’il avait obtenu 56,8% des suffrages, loin devant son principal adversaire et président sortant Lazarus Chakwera, qui a recueilli 33% des voix. Ce dernier avait un peu plus tôt dans la journée reconnu publiquement sa défaite. Les autres candidats se partagent les suffrages restants.

Avant même l’officialisation de sa victoire par l’autorité électorale, des partisans de M. Mutharika et de son Parti démocrate-progressiste (DPP) étaient descendus dans la rue pour manifester leur joie.

Peter Mutharika, président de 2014 à 2020, a fait campagne en promettant un «retour à un leadership éprouvé», tout en critiquant la gestion par M. Chakwera, 70 ans, ancien pasteur et chef du Parti du Congrès du Malawi (MCP), d’une économie malmenée durant son mandat, période où le Malawi a aussi subi sécheresse et cyclones.

M. Chakwera, au charisme reconnu, est arrivé au pouvoir lors du scrutin de 2020, qui a mis fin au premier mandat de M. Mutharika, juriste constitutionnaliste réservé ayant passé des décennies hors du Malawi, notamment comme professeur de droit à Washington.

Sous son mandat, dans ce pays dépendant de l’agriculture, le coût de la vie a bondi, l’inflation atteignant 33%, et les prix du maïs, aliment de base, ainsi que des engrais se sont envolés.

Il n’a pas non plus tenu ses promesses de créer un million d’emplois et de lutter contre la corruption dans ce pays de 21 millions d’habitants, dont plus de 70% vivent dans la pauvreté, selon le référentiel de la Banque mondiale.

Dès l’arrivée des premiers résultats des bureaux de vote la semaine dernière, des décomptes non officiels relayés par les médias locaux ont montré que Mutharika, surnommé «father» par ses partisans, disposait d’une large avance, peut-être au-delà du seuil de plus de 50% requis pour éviter un second tour.

Parmi les centaines de sympathisants du parti qui ont fêté le retour de Mutharika dans la capitale Lilongwe, Mary Duncan a déclaré: «Nous espérons que “father” apportera la sécurité alimentaire, que le prix des engrais baissera et que les salaires des fonctionnaires seront revalorisés.»

Le MCP, le plus ancien parti politique du Malawi, a affirmé détenir des preuves d’irrégularités lors du vote, notamment des décomptes qui ne concordaient pas et des allégations de bourrage d’urnes.

«Les anomalies ne signifient pas nécessairement que le résultat électoral donnant le professeur Mutharika vainqueur ne soit pas crédible ou ne reflète pas la volonté du peuple», a ajouté M. Chakwera déclaré lors de son allocution.

«Sauver le pays»

Selon des analystes, les électeurs qui ont soutenu M. Mutharika ont été influencés par l’état relativement meilleur de l’économie durant son mandat de 2014 à 2020, période où il avait réuni une solide équipe économique et ramené l’inflation à un chiffre, même si son mandat a aussi été entaché par des accusations de corruption, des pénuries alimentaires et une dette publique croissante.

Pendant la campagne, il a promis la croissance et la fin d’une pénurie de devises qui a restreint les importations de carburant et d’engrais, déclarant: «Je veux sauver ce pays.

«Les Malawites aspirent à un meilleur passé», a déclaré Mavuto Bamusi, analyste politique à la Malawi Political Science Association.

M. Chakwera «a été un très bon chef de l’opposition et je pense que l’on s’attendait à ce que cela fasse de lui un président compétent et efficace», a déclaré à l’AFP Boniface Dulani, professeur de sciences politiques.

«Mais malheureusement, si vous regardez l’économie, elle s’est effondrée. Beaucoup de choses qu’ils avaient promis de faire n’ont pas été réalisées», a-t-il ajouté.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/09/2025 à 07h56