«Tous les éléments entre les mains de la justice prouvent la constitution d’un crime», a dit le magistrat Ahmed Ould Moustapha.
«L’accusé Mohamed Ould Abdel Aziz a accumulé une très grande fortune que ses revenus légaux ne peuvent justifier. Il exerçait des activités commerciales incompatibles avec ses fonctions de Président de la République. Tout cela constitue un enrichissement illicite condamné par la loi», a-t-il dit.
Il a aussi réclamé la confiscation des biens de l’ancien chef d’Etat.
M. Aziz, 66 ans, a entendu sans broncher les réquisitions prononcées contre lui.
M. Aziz a dirigé de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne, secoué naguère par les coups d’Etat et les agissements jihadistes mais revenu à la stabilité sous sa direction quand les troubles gagnaient dans la région.
«Enrichissement illicite»
Il répond depuis le 25 janvier avec dix autres personnalités, dont deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d’affaires, des chefs d’«enrichissement illicite», «abus de fonctions», «trafic d’influence» ou «blanchiment».
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Mohamed Ould Abdel Aziz, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d’euros au moment de son inculpation en mars 2021.
Il est l’un des rares ex-chefs d’Etat à répondre devant la justice d’enrichissement illicite dans l’exercice du pouvoir.
Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang, tel, ailleurs en Afrique de l’Ouest, l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, à la barre depuis septembre 2022.
Sans nier être riche, l’ancien président a refusé de s’expliquer sur l’origine de sa fortune et crie à la machination pour l’écarter de la vie politique.
Lors de son réquisitoire d’environ trois heures, le procureur a demandé des peines de 10 ans de prison ferme contre les deux anciens Premiers ministres et contre deux ministres, ainsi que la confiscation de leurs biens.
Il a requis cinq ans de prison contre les autres prévenus.
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Après plus de dix ans à la tête de ce vaste et pauvre pays sahélien de 4,5 millions d’habitants, M. Aziz a connu une descente aux enfers sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien partenaire dans le coup d’Etat qui l’avait porté au pouvoir en 2008, son ancien chef d’état-major et ancien ministre de la Défense.
M. Aziz avait préparé l’accession de M. Ghazouani, l’un de ses plus fidèles compagnons, à la présidence et lui avait cédé la place à l’issue d’élections, dans la première transition non imposée par la force dans un pays abonné aux coups d’Etat depuis l’indépendance.
Le successeur de M. Aziz s’est toujours défendu d’ingérence dans le dossier.
Une quarantaine de défenseurs devaient commencer à plaider ce mardi. Aucune indication n’a été fournie quant à la date du jugement.