Celui qui a dirigé de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne est sorti du box des accusés pour la première fois depuis l’ouverture du procès mercredi, pour répondre aux questions du tribunal.
«Je suis un ancien officier de l’armée», a-t-il déclaré au moment de décliner son état civil.
L’interrogatoire a vite tourné court après l’identification et la lecture des charges. Les avocats de Mohamed ould Abdel Aziz sont intervenus pour plaider que le tribunal n’avait pas compétence à juger l’ancien chef de l’Etat aux termes de la Constitution.
Depuis qu’il a commencé, ce procès historique a surtout été marqué par des arguties juridiques. Les avocats de la défense réclamaient en fin de semaine passée que leurs clients, placés en détention la veille de la première audience, soient libérés.
La décision de la cour était attendue ce lundi.
Mais «nous avons été surpris de constater que la cour avait décidé de couper court sur ce sujet et d’appeler les accusés à la barre, elle n’a pas statué» sur les demandes de remise en liberté, a dit à l’AFP l’un des avocats de l’ex-président Me Ciré Cledor Ly.
La cour a demandé à la défense de la saisir par écrit, a rapporté un des avocats de l’Etat, Me Brahim Ebetty.
Mohamed ould Abdel Aziz, 66 ans, est jugé pour avoir abusé de son pouvoir afin d’amasser une fortune immense, au côté de deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et hommes d’affaires.
Général porté au pouvoir par un putsch en 2008 puis élu président en 2009 et réélu en 2014, nie les faits et crie au complot destiné à l’écarter de la politique.
L’ancien homme fort de ce pays, secoué naguère par les coups d’Etat et les agissements jihadistes mais revenu à la stabilité sous sa présidence, est l’un des rares ex-chefs d’Etat à devoir rendre compte sur la façon dont il s’est enrichi au pouvoir. Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang.