Loin d’être anodin, ce rendez-vous entre le président du comité militaire au pouvoir à Libreville après le coup d’État du 30 août dernier et le chef de l’Etat camerounais abordera sans doute des sujets aussi importants que sensibles d’intérêt commun. Ces deux pays sont membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
Pour rappel, après l’intrusion de son armée dans le processus électoral du mois d’août ayant débouché sur le renversement d’Ali Bongo, le Gabon s’était attiré les foudres de la communauté internationale. Sous le nouveau régime, le pays avait été suspendu de l’Union africaine le 31 août et de la CEEAC le 4 septembre. Cette dernière institution avait notamment ordonné le «transfert immédiat» de son siège de Libreville à Malabo, en Guinée équatoriale.
Toujours en quête de légitimité trois mois après avoir pris le contrôle de l’exécutif, Oligui Nguema veut apaiser les tensions nées de son coup de force. La normalisation des rapports de bon voisinage passe par une opération de séduction et d’explication sous régionale. À Libreville, comme à Yaoundé, plusieurs sources indiquent que le tête-à-tête, Oligui-Biya, a été soigneusement préparé depuis plusieurs semaines.
De part leur proximité géographique (250 km) de frontière en partage, leurs liens culturels, politiques et économiques, nombreux sont des spécialistes de l’Afrique centrale qui pensent que le Gabon et le Cameroun sont condamnés à s’entendre pour la stabilité de l’Afrique centrale.
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«Sur le plan stratégique, ce sont deux pays qui partagent la zone B dans le Golf de Guinée et de ce point de vue ces pays ont fait l’objet d’attaques qui s’apparente à de la piraterie maritime. Autant de paramètres qui font que le Général Brice Oligui Nguema, désormais à la tête du Gabon, cherche à rencontrer Paul Biya, un des doyens de la politique en Afrique centrale», affirme Dr Jonathan Ndoutoume Ngome, spécialiste de géopolitique et de géostratégie.
Cette rencontre dont la date n’est toujours pas révélée entre les dirigeants gabonais et camerounais constitue un tournant décisif dans l’évolution de la situation à Libreville et dans les relations régionales en Afrique centrale. Les discussions attendues de ce rendez-vous crucial permettront, à ne pas en douter, une normalisation progressive des relations du Gabon avec la communauté internationale.