M. Boakai, 78 ans, a obtenu 50,89% des suffrages et M. Weah 49,11% après le décompte dans 99,58% des bureaux, a dit vendredi devant la presse Davidetta Browne Lansanah, présidente de la commission électorale (NEC).
Le résultat final est suspendu à 25 bureaux dont le nombre de votants n’est pas connu.
L’expert politique Abdullah Kiatamba a jugé presque impossible pour M. Weah de remonter son retard. «La réalité à ce stade, c’est qu’étant donné les chiffres disponibles, il est littéralement impossible d’inverser la tendance», a-t-il dit à l’AFP.
«Pour y arriver, il faudrait que le candidat du CDC (le parti de M. Weah) obtienne (dans les bureaux restants) des chiffres quatre ou cinq fois supérieurs à la tendance actuelle», a-t-il dit.
Thomas Kaydor, un professeur de sciences politiques à l’Université du Liberia, a abondé. «Même si vous additionnez toutes les voix des 25 bureaux restants, George Weah ne peut pas gagner», a-t-il dit.
M. Boakai a un peu plus de 28.000 voix d’avance. Un peu plus de 1,6 million de bulletins ont été dépouillés. Environ 2,4 millions de Libériens étaient appelés aux urnes mardi, mais aucune indication n’a été fournie jusqu’alors sur la participation.
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Les résultats ont été gelés sur une grande partie des 25 bureaux restants à cause d’une participation anormale ou d’un nombre de votes supérieur au nombre d’inscrits, a dit la présidente de la commission.
Vieux routier
Le vainqueur prendra pour six ans la tête de ce pays anglophone d’environ cinq millions d’habitants, l’un des plus pauvres du monde.
M. Boakai est un vieux routier qui fut de 2006 à 2018 le vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue cheffe d’Etat en Afrique, et a occupé une multitude de postes au sein de l’Etat ou du secteur privé.
Il s’imposerait malgré son âge face à un adversaire de 21 ans son cadet (57 ans) resté populaire parmi les jeunes, mais qui devait défendre un bilan critiqué.
M. Boakai prendrait sa revanche contre celui qui l’avait largement battu au second tour en 2017 avec plus de 61%, mais auquel ses détracteurs reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses de combattre la pauvreté et la corruption.
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La compétition s’annonçait cette fois beaucoup plus serrée, et les deux hommes se sont présentés au second tour après être arrivés au coude-à-coude au premier, avec un peu plus de 43% et une avance de 7.126 voix pour M. Weah.
Au-delà du choix de la personne appelée à diriger ce pays en quête de paix et de développement après les années de guerre civile et d’épidémie d’Ebola, l’un des enjeux de l’élection est le déroulement pacifique et régulier de l’élection et l’acceptation des résultats, alors que la démocratie est malmenée par une succession de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest.
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au Liberia créée en 2003 (et partie en 2018) pour garantir la paix après les guerres civiles qui ont fait plus de 250.000 morts entre 1989 et 2003 et dont le souvenir reste vivace.
Des affrontements pendant la campagne ont fait plusieurs morts. Des incidents ont été rapportés entre les deux tours, faisant craindre les lendemains de l’élection, surtout en cas d’issue serrée.
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Les partenaires étrangers ont émis une série de mises en garde contre tout agissement qui causerait des actes de violence ou qui saperait le processus.
De nombreux observateurs étrangers et libériens ont suivi l’élection. Les missions de l’Union européenne et de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest ont salué le déroulement globalement pacifique du second tour.
M. Boakai a promis de développer les infrastructures, d’attirer les investisseurs et les touristes, et d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres dans un pays où plus d’un cinquième de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
Il a reproché à M. Weah l’aggravation d’une corruption réputée endémique.
Il a noué des alliances avec des barons locaux, dont l’ancien chef de guerre et sénateur Prince Johnson, qui avait soutenu M. Weah il y a six ans.