La crise algéro-malienne s’est déplacée à l’ONU. En effet, la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies a, une nouvelle fois, montré le fossé de plus en plus béant entre Bamako et Alger. Placée sous la thématique «Ne laisser personne de côté: agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures», cette session a été aussi celle des joutes verbales entre diplomates des deux pays. La diplomatie algérienne qui ne brille plus, comme en attestent ses relations exécrables avec ses voisins et ses coups bas envers ses amis historiques, dont la Russie, y trouve l’occasion d’attaquer ses voisins sans raison.
Désormais, le Mali est devenu un ennemi juré des autorités algériennes depuis que Bamako, dans le cadre de sa politique souveraine, a souhaité se libérer de la tutelle algérienne en mettant fin à l’Accord d’Alger de 2015. Un accord dont Alger se servait pour outrepasser son rôle de facilitateur et faire du Mali sa chasse gardée.
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Depuis lors, les relations sont devenues tendues entre les deux pays avec des rappels d’ambassadeurs des deux côtés, après que Bamako a dénoncé les tentatives de déstabilisation ourdies par son voisin du nord. L’attaque meurtrière contre des soldats maliens et leurs soutiens russes à la frontière algérienne a aggravé la crise entre les deux pays.
Alger n’a pas supporté que des drones maliens éliminent ses protégés de la rébellion touareg et des terroristes du GSIM à côté de sa frontière. Oubliant que ces rebelles et terroristes ont été éliminés sur le territoire malien, Alger n’a pas hésité à menacer ouvertement le Mali. C’est dans ce cadre que les diplomates algériens ont continué à tirer à boulets rouges sur les autorités de Bamako, allant jusqu’à menacer de faire intervenir son aviation pour faire face aux drones maliens. Alger a brandi ces menaces et accusations jusqu’à la tribune de l’ONU.
Toutefois, la réplique malienne a été vigoureuse et le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat et porte-parole du gouvernement malien, n’a pas porté de gants pour assener leurs quatre vérités aux diplomates algériens. Dans son allocution, le vice-Premier ministre malien a vivement réagi aux récentes déclarations des responsables algériens. Il a notamment qualifié le ministre algérien des Affaires étrangères et le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, d’«énergumènes diplomatiques», les accusant d’ignorer l’histoire commune entre les deux pays et la géographie de la région, soulignant que ces deux responsables semblent ignorer «la contribution exceptionnelle du Mali à la guerre de libération algérienne».
Partant, le responsable malien a déclaré, à trois reprises, que «le Mali exige de ces deux énergumènes diplomatiques qu’ils cessent d’entrer dans l’histoire à reculons».
Réagissant à l’intervention du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, sur la nécessité d’une solution politique au Mali, qui passerait obligatoirement, selon lui, par Alger, la réplique de Maïga a été claire et nette. Il a rétorqué au ministre algérien des Affaires étrangères que «nul ne peut aimer le Mali plus que les Maliens». En clair, Bamako ne compte plus revenir en arrière et confier son avenir à Alger. En effet, malgré les nombreux accords parrainés et signés en Algérie entre les précédents gouvernements et les rebellions du nord, jamais la paix n’est revenue au Mali. Pire, avec les derniers accords d’Alger, Bamako perdait un peu de sa souveraineté sur le nord du Mali. Ce qui agace Alger, c’es que les autorités maliennes ont réussi à récupérer tout le nord du pays, poussant les dirigeants des rebelles à se réfugier en Algérie.
Et c’est dans cette optique que le responsable malien a également fustigé les propos du représentant permanent algérien à l’ONU concernant les présomptions de frappes de drones ayant fait des victimes civiles. Maïga les qualifiant d’«accusations graves et infondées». En réalité, ce qui choque Alger, ce ne sont pas les morts civils maliens, mais l’élimination de ses protégés à Tinzaouatène, ville jumelle sise des deux côtés de la frontière algéro-malienne, et qu’Alger a transformée en bastion et quartier général pour Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al Qaida.
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Pour montrer l’agacement de Bamako envers l’Algérie, le ministre malien a, devant les représentants de tous les Etats membres de l’ONU, martelé trois fois l’exigence des nouvelles autorités maliennes en répétant qu’Alger ne devrait pas considérer le Mali «comme une wilaya», une province algérienne. En clair, Bamako a réitéré son souhait à ce que l’Algérie cesse de considérer le Mali comme une arrière-cour.
Ces sorties et répliques illustrent les tensions entre les deux pays. Alger n’arrive pas à avaler que Bamako décide de mettre fin à l’Accord d’Alger qui lui fait perdre son influence dans le nord du Mali, transformé en zone d’insécurité et de tous les trafics illégaux.
Depuis, les autorités algériennes ne cessent d’user de tous les subterfuges pour déstabiliser leur voisin du sud via leur soutien aux rebelles et terroristes qui trouvent en Algérie une terre de refuge face aux forces maliennes et leurs soutiens russes, allant même jusqu’à solliciter le soutien effectif des Ukrainiens, au grand dam de Moscou, l’allié historique d’Alger!