L’année qui s’achève a été marquée par de nombreux évènements dans les domaines économique, politique, culturel, sportif… dans le continent africain. Parmi les plus saillants, on peut citer l’inflation qui a touché tous les Africains, mais aussi les départs des troupes françaises du Mali et de Centrafrique, les espoirs de paix en Éthiopie, mais aussi et surtout la belle épopée des Lions de l’Atlas du Maroc au Qatar, hissant pour la première fois le football africain en demi-finales d’une Coupe du monde de football.
Une inflation qui a appauvri les Africains
Amorcée fin 2021, la flambée de l’inflation accompagnée de pénuries de nombreux produits a marqué l’année 2022. Dans le continent, les taux d’inflation varient sur une fourchette allant de 3% au Bénin à plus de 51% au Ghana. En cause, d’abord, la hausse des prix des produits énergétiques entamée fin 2021, qui s’est aggravée avec la crise Russie-Ukraine. Le conflit a entraîné une forte hausse du cours du baril de pétrole qui a atteint un pic à 123 dollars en mars dernier.
Cette flambée des cours des hydrocarbures a été aggravée par la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, notamment des exportations de produits agricoles provenant de Russie et d’Ukraine.
En conséquence, des pénuries de carburant et de certains produits agricoles (blé, oléagineux…) et alimentaires (farine, huile…) ont été constatées dans de nombreux pays du continent durant l’année écoulée.
Ces deux facteurs, combinés à la sécheresse qui a touché de nombreuses régions d’Afrique, ont accentué les pénuries et poussé davantage les prix à la hausse.
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Cette inflation constatée dans de nombreux pays africains met en lumière la forte dépendance de ces pays vis-à-vis des importations, notamment de carburants du fait du déficit en raffineries et de produits alimentaires. À titre d’illustration, pour le blé, l’Afrique dépend à 32% des importations en provenance de Russie et à 12% d’Ukraine. En ce qui concerne les produits pétroliers raffinés, l’Afrique importe plus de 50% de ses besoins. Ainsi, la flambée du cours du baril, la hausse des coûts du fret maritime et la forte demande de carburants ont entraîné des pénuries et une forte hausse des prix dans de nombreux pays africains.
La hausse du tarif du carburant s’est répercutée sur les transports et a renchéri les prix de nombreux produits. L’inflation a impacté négativement le pouvoir d’achat des populations, entraînant une forte augmentation des populations vulnérables sur le continent.
Face à cette situation, les États sont intervenus massivement par le biais de subventions pour atténuer l’ampleur de la hausse des prix sur les consommateurs. Des interventions qui ont creusé les déficits budgétaires et accentué l’endettement de nombreux pays africains. De même, les banques centrales ont agi sur les taux directeurs pour faire face à la hausse des prix. En dépit de ces interventions, l’inflation reste élevée en Afrique, où elle dépasse en moyenne les 10%.
Espoir de paix en Éthiopie après la signature d’un accord
Après deux années de conflit au Tigré, le gouvernement fédéral et les rebelles de cette région ont signé le 2 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud, sous l’égide de l’Union africaine, un accord de paix devant mettre fin à une guerre meurtrière. Ce conflit, déclenché en novembre 2020, a fait plusieurs milliers de morts et engendré le déplacement de 2 millions d’Éthiopiens.
Après plusieurs pressions et tentatives de médiation, les deux parties ont donc finalement signé un accord de paix en présence de médiateurs, l’ex-président kenyan Uhuru Kenyatta et Olusegun Obasanjo, haut représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique. Un accord qui prévoit entre autres un rétablissement de l’ordre public et des services au Tigré, un accès sans entrave des fournitures humanitaires et la protection des civils.
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«Notre détermination à faire la paix reste inébranlable. Et notre engagement à coopérer à la mise en œuvre de l’accord est tout aussi fort», a déclaré Abiy Ahmed, Premier ministre d’Éthiopie, dans un «message de gratitude» aux médiateurs de l’Union africaine.
Pour asseoir une paix durable, une délégation du gouvernement éthiopien s’est déplacée lundi 26 décembre à Mekele, la capitale du Tigré. Dirigée par le président de la Chambre des représentants éthiopiens, Tagesse Chafo, celle-ci doit «superviser l’application des principaux points de l’accord de paix» signé le 2 novembre avec les autorités tigréennes.
Départ des troupes françaises du Mali et de Centrafrique
L’année 2022 a également été marquée par le départ des soldats français de deux pays africains, le Mali et la Centrafrique. Au Mali, ils sont intervenus en 2013, dans le cadre de l’opération Serval, à la demande de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), décédé il y a près d’un an, pour faire face à l’avancée des djihadistes vers Bamako. En 2014, l’opération Serval a été remplacée par l’opération Barkhane, avec pour but cette fois de combattre les djihadistes dans le Sahel.
Toutefois, après le renversement du régime d’IBK par la junte militaire en août 2020, les relations entre la France (ancienne puissance coloniale) et les chefs de la junte se sont dégradées, avant d’atteindre un point culminant suite à l’arrivée des mercenaires russes du groupe Wagner invités à seconder l’armée malienne.
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Les derniers soldats français ont ainsi quitté le Mali sur injonction du nouveau régime militaire le 15 août 2022, mettant fin à près de 10 ans d’une présence militaire française qui n’est pas parvenue à mettre fin au terrorisme dans ce pays.
En Centrafrique également, les derniers soldats français déployés ont quitté le pays. La France y avait envoyé plus d’un millier de soldats en 2013 dans le cadre de l’opération Sangari, avec le feu vert de l’ONU, pour faire face aux violences intercommunautaires. En 2016, cette force française a compté jusqu’à 1 600 hommes.
C’est l’arrivée des paramilitaires russes de la force Wagner à la demande des dirigeants centrafricains, pour faire face aux rebelles, qui avait fini par dégrader les relations entre Bangui et Paris, poussant finalement la France à rapatrier ses derniers soldats.
Ces départs interviennent à un moment où le sentiment anti-français commence à gagner d’autres pays de la sous-région touchés par le terrorisme djihadiste.
Mondial 2022 : l’épopée des Lions de l’Atlas qui ont atteint le dernier carré
C’est l’un des exploits africains de l’année ! Lors de la Coupe du monde de football au Qatar, le Maroc a fait sensation en se qualifiant dans le dernier carré après avoir éliminé la Belgique, l’Espagne et le Portugal pour se hisser parmi les 4 meilleures équipes du Mondial.
La qualification du Maroc en demi-finale, une première pour une sélection africaine ou arabe, a fait rayonner les couleurs du Royaume au-delà du continent africain.
Éliminé en demi-finale par la France, le Maroc a terminé la compétition au pied du podium. Une performance historique qui a valu aux Lions de l’Atlas un accueil triomphal à leur retour à Rabat et une reconnaissance mondiale. Cette grande performance des Lions de l’Atlas représente une source d’inspiration et un moment de fierté pour le football africain, comme elle servira de stimulant pour les autres pays africains pour atteindre les plus hauts sommets du football mondial.
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D’autres faits ont aussi marqué l’année, dont la première victoire du Sénégal lors de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui s’est tenue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022, l’imbroglio diplomatique autour des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali pour tentative supposée de coup d’État, le retour des coups d’État en Afrique de l’Ouest, les scandales de corruption qui touchent la présidence sud-africaine, la crise politique en Tunisie sur fond de net recul démocratique…