RDC: l’ex-président Joseph Kabila, condamné à mort, rassemble des opposants à Nairobi

Joseph Kabila, ex-président de la RDC.

Le 16/10/2025 à 08h27

Condamné à la peine capitale par contumace fin septembre, l’ex-président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila a rassemblé plusieurs opposants congolais à Nairobi, qui ont décrié mercredi la «dictature» dans le pays et des «jugements iniques».

M. Kabila n’était, jusqu’à son arrivée dans la capitale kényane, plus apparu en public depuis sa condamnation pour «trahison» et «crimes de guerre» devant la justice militaire de la RDC.

L’ex-chef de l’Etat (2001-2019) a présidé mardi et mercredi un «conclave» d’opposants congolais, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, condamné en mai à dix ans de travaux forcés, et Bienvenu Matumo, militant du mouvement Lutte pour le changement (Lucha), arrêté plusieurs fois lorsque M. Kabila était au pouvoir.

A l’issue de la rencontre, les opposants ont annoncé se rassembler en «Mouvement sauvons la RDC» dans une déclaration consultée par l’AFP dans laquelle ils décrient la dégradation sécuritaire, appellent les Congolais à «dresser le front et résister à la dictature», et au retrait de «mercenaires et forces étrangères du territoire», sans préciser lesquels.

Les opposants ont aussi dénoncé la «détention arbitraire des leaders politiques (...) ainsi que tous les jugements iniques prononcés par les cours et tribunaux à l’encontre des leaders d’opposition» et des critiques, ainsi que «l’incapacité» du président Félix Tshisekedi à répondre aux multiples crises.

Les autorités congolaises ont critiqué cette réunion tenue à Nairobi, accusant la capitale kényane de devenir une «capitale de complot contre la RDC».

S’exprimant depuis Washington, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a dénoncé cette rencontre tenue «sous un prétexte de la paix» mais révélant, selon lui, un «climat de nostalgie des privilèges perdus» parmi les participants dont «de fugitifs, de condamnés».

«Représentants de nos agresseurs»

M. Muyaya qui s’exprimait lors d’une conférence de presse en marge d’un forum économique a également fustigé la «complicité des représentants de nos agresseurs aujourd’hui».

Âgé de 54 ans, Joseph Kabila, qui n’était pas présent à son procès dans la capitale Kinshasa et n’y était pas non plus représenté, a été reconnu coupable de complicité avec le groupe armé antigouvernemental M23.

Entre janvier et février, le M23, soutenu par le Rwanda et son armée, a conduit des offensives d’ampleur dans l’est du pays. Riche en ressources naturelles, il est déchiré par des conflits depuis trente ans, s’emparant de vastes pans de territoires le long de la frontière rwandaise face à une armée congolaise dépassée.

Peu après ces revers militaires qui ont fragilisé le régime de Kinshasa, Joseph Kabila, qui avait quitté le sol congolais en 2023 selon son entourage, a fait une apparition surprise à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et fief du M23.

Cette réapparition avait inquiété Kinshasa et, selon certains observateurs, cette condamnation vise à écarter la possibilité qu’il puisse fédérer l’opposition à l’intérieur du pays.

En mai, dans une rare allocution en ligne, M. Kabila, qui jouit encore d’un nébuleux réseau d’influence, avait déclaré que «la dictature doit prendre fin» en RDC et s’était dit prêt à «jouer sa partition», se posant ouvertement comme un opposant à M. Tshisekedi.

Le M23, qui clame sa volonté de renverser le régime du président Tshisekedi, est réapparu dans la région fin 2021.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 16/10/2025 à 08h27