Dans un stade Amahoro totalement transformé, des milliers de Rwandais suivent avec émotion le défilé des forces armées et de police, avec une admiration particulière pour les trois sections féminines. Après le défilé, place à l’inspection par le président de la République, Paul Kagamé, et là encore, une tonnerre d’applaudissements. Cet homme, c’est lui qui a guidé les forces armées qui ont arrêté le génocide des Tutsis et qui a ensuite enclenché le processus de développement qu’il a rigoureusement supervisé jusqu’à aujourd’hui. Et il se souvient.
Célébration du 30e anniversaire de la victoire de l'armée et la fin du génocide.. DR
«Aujourd’hui, nous arrivons au terme de notre période de commémoration et nous célébrons la libération de notre pays. Les Rwandais d’aujourd’hui sont meilleurs et plus forts que nous ne l’avons jamais été. Nous continuons à aller de l’avant, comme les hommes et les femmes de nos forces de défense et de sécurité, qui viennent de défiler devant nous. Il y a trois décennies, ce bâtiment était le lieu de refuge et de sauvetage. Des quartiers environnants, les Rwandais affluaient ici pour se mettre à l’abri. Et beaucoup ont été sauvés, grâce à l’Armée patriotique rwandaise, un acte qui s’est répété d’innombrables fois, partout dans notre pays.»
Sur d’anciennes images prises en 1994, on voit bien le stade Amahoro presqu’en ruines, plein de gens blessés, des malades, des enfants affamés et des milliers de gens dans un mauvais état qui étaient venus y trouver refuge. Aujourd’hui, c’est une toute autre image et une énergie différente qui se dégagent de ce bâtiment qui est un signe d’un pays retrouvé et d’un pari de développement réussi. Le stade a récemment été rénové et maintenant il peut accueillir 45.000 personnes contre 25.000 auparavant. Et devant tous ces gens, Paul Kagamé livre un discours très poignant, comme il sait bien le faire.
«L’objectif de la lutte de libération était de construire un État dans lequel chacun d’entre nous est valorisé et où les citoyens sont toujours au centre de l’action gouvernementale. La libération ne peut être imposée aux gens par la force ou la peur. Elle est rendue possible par le libre choix que chaque citoyen fait dans son cœur. Parce que les Rwandais, à quelques rares exceptions près, ont librement fait ce choix, notre pays est en paix et le restera, quoi qu’il arrive.»
Un choix qu’il n’a pas toujours été facile de faire mais qui porte ses fruits, peut-être le secret d’atteindre un développement aussi remarquable en un temps record.
«Rester fidèle à ses principes et cohérent est difficile, très difficile. Mais le résultat de ces efforts est absolument magnifique. Aujourd’hui, notre politique est fondée sur la responsabilité et l’ambition. C’est un moyen pour tous les Rwandais de mener une vie meilleure. La politique n’est plus un outil pour s’exclure et se nuire mutuellement», ajoute Paul Kagamé, lors de son discours du 4 Juillet 2024.
Le 4 Juillet, c’est aussi un moment de remerciement et d’hommage à tous les jeunes qui ont accepté de prendre les armes et de secourir le pays. Ils étaient dans la vingtaine pour la plupart et la trentaine pour certains, et il y en avait qui ne s’en sont pas sortis. Aux jeunes rwandais d’aujourd’hui, le président Kagamé avait un message particulier.
«Même si les Rwandais ont fait d’énormes progrès, nous devons rester vigilants. J’adresse ce message en particulier aux jeunes Rwandais, notamment à ceux qui sont nés au cours des trente dernières années. Ce pays, c’est à vous de le protéger, de le défendre et de le rendre prospère. Il convient de répéter que la véritable libération ne commence que lorsque les armes se taisent. Nous avons entamé cette étape il y a trente ans et nous comptons sur vous, la génération de la libération, pour aller plus loin.»
Au cours des trois dernières décennies, le Rwanda s’est considérablement transformé, surtout économiquement. Le produit intérieur brut est passé de 752 millions de dollars en 1994 à 9,5 milliards de dollars en 2018, et le PIB par habitant est passé de 125,5 à 787 dollars au cours de la même période, selon les sources gouvernementales. La croissance économique soutenue a permis à un million de personnes de sortir de la pauvreté (entre 2000 et 2017) tandis que l’espérance de vie est passée de 29 ans en 1994 à 69 ans en 2020.
Le Rwanda est le deuxième pays d’Afrique et le 39e pays où il est le plus facile de faire des affaires (Doing Business Report, Banque mondiale 2020). Il apparaît parmi les 10 premiers réformateurs mondiaux (Doing Business Report, Banque mondiale 2019) et c’est le 4e pays d’Afrique et 1er pays le moins corrompu d’Afrique de l’Est (Indice de perception de la corruption - TIR 2023).