Sénégal: l’opposant Sonko met en évidence un complot d’Etat dans l’affaire d’accusation de viol contre lui

Le 06/11/2022 à 09h56

Le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a indiqué à la presse vendredi 4 novembre 2022, avoir mis en évidence, lors de son audition devant le doyen des juges, l’existence d’un sordide complot orchestré au sommet de l’Etat et impliquant aussi bien l’actuel ministre de l’Intérieur que l’ex-procureur de la République, ainsi que d’influentes personnalités du régime de Macky Sall, comme l’ancien directeur des domaines, son ennemi juré.

Comme tout le monde s’y attendait à chacune de ses sorties, le leader des Patriotes sénégalais n’a pas déçu. Très à l’aise face aux journalistes, il a clairement mis en évidence le complot qui a abouti aux poursuites pour viol contre sa personne. Il y a d’abord, un rapport confidentiel de la gendarmerie sous le numéro 063/4/HC/CAB du 14 avril 2021, lequel aurait même été remis au chef de l’Etat, Macky Sall. Dans ledit rapport, dont il a obtenu copie et qu’il a remis au doyen des juges, il est mentionné clairement l’implication des personnalités haut placées du régime.

Par exemple, l’un des gendarmes en charge de l’enquête et qui a été amené à démissionner à la suite de ce complot, un certain Khadim Diaw alias Ridial, a indiqué que la voiture qui est allée cherchée Adji Sarr, qui prétend avoir été violée, est celle de l’ancien directeur des domaines, Mamour Diallo.

Ensuite, il y a la demande formulée par le procureur de la République d’alors, Bassirou Guèye, qui a demandé aux gendarmes de se débarrasser de tous les passages qui disculpaient Sonko et de ne retenir que les faits tendant à jeter sur lui un discrédit.

Si l’audition devant le juge était très attendue, curieusement elle n’aura duré qu’un peu plus d’une heure. Chose rarissime pour une affaire criminelle, d’autant qu’elle tient en haleine tout le pays et qu’elle est à l’origine d’un soulèvement populaire qui a abouti à la mort de 14 personnes.

Ousmane Sonko a dénoncé la légèreté des questions qui lui ont été posées et l’absence de preuves dans un dossier dont la vacuité ne fait aucun doute. Il a, par exemple, refusé catégoriquement tout test d’ADN, sachant qu’un tel test ne saurait prouver un viol.

« Est-ce que j’accepterais des prélèvements pour un test ADN ? J’ai dit ‘‘Mais vous, est-ce que ça va ? Là-dedans (désignant sa tête), est-ce que ça va ? Vous n’avez aucune preuve et vous voulez que moi, je donne mon sang à des comploteurs ? (…) Mon sang, vous ne l’aurez jamais’' », a déclaré Ousmane Sonko, lors de sa sortie à Dakar.

Il a affirmé qu’il avait répondu à deux autres questions du juge. «Est-ce que je reconnais avoir fréquenté les lieux ? – Oui. A quelle date ? – Je ne sais pas. Parce que moi je ne suis pas un robot et je n’ai pas un calepin du matin au soir pour dire à telle heure, j’étais ici», a-t-il dit.

« Est-ce que je reconnais avoir entretenu des relations avec la dame ? – Je lui ai dit ‘‘Je ne vous permets pas de me poser de telles questions. Quand un dossier de complot est si manifeste avec des preuves et que vous, vous n’avez aucune preuve, je ne vous permets pas vu le statut que j’ai’' », a-t-il ajouté.

Il a assuré qu’il allait porter plainte contre l’ancien procureur de la République, disant détenir des preuves qu’il avait falsifié des documents de l’enquête pour le charger.

Jeudi, un avocat de Ousmane Sonko, Ciré Clédor Ly, avait déclaré à la presse que son client espérait un « non-lieu total par rapport à ces faits inexistants », et avait répondu aux questions « en éventrant le complot ».

Sa mise en cause, puis son arrestation en mars 2021 avaient contribué à déclencher plusieurs jours d’émeutes, de pillages et de destructions, qui avaient fait au moins une douzaine de morts.


Par Ismail Traoré
Le 06/11/2022 à 09h56