Dans la continuité de la dégradation des relations entre la République centrafricaine (RCA) et la France, Bangui vient de mettre fin au décanat accordé à l’ambassadeur de l’ancienne puissance coloniale auprès du chef de l’Etat. Fruit d’un accord de coopération entre les deux pays datant de l’indépendance de la RCA le 13 août 1960, le décanat est un statut spécial qui a toujours fait du haut représentant de Paris le doyen du corps diplomatique accrédité dans le pays d’Afrique centrale.
La nouvelle décision a été notifiée par la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Témon, dans une lettre envoyée le 8 novembre 2022 à son homologue française, Catherine Colonna. Dans ce message, la cheffe de la diplomatie centrafricaine s’en prend à l’actuel ambassadeur de France en RCA, l’accusant d’avoir «des attitudes irrespectueuses aux invitations du chef de l’État», ou encore de s’adonner à «la désinformation et à la délation».
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Quant à Paris elle-même, la diplomatie centrafricaine l’accuse de ne pas appliquer «la réciprocité» comme il se doit en matière diplomatique. «Ce n’est pas une escalade dans les relations avec la France, mais c’est la personnalité même de l’ambassadeur qui est en cause», précise le document relayé par RFI. Pour ces raisons, Bangui annonce mettre fin «au privilège totalement symbolique dont jouissait l’ambassadeur de France depuis le jour de l’indépendance de ce pays, le 13 août 1960, d’être le doyen du corps diplomatique».
Le fossé entre Bangui et Paris ne fait donc que s’élargir davantage, sachant que le sentiment anti-français est de plus en plus prononcé dans le pays, comme d’ailleurs dans d’autres pays, notamment le Mali. Un froid diplomatique qui a commencé lorsque le président Faustin-Archange Touadéra a fait appel à la milice russe Wagner pour tout ce qui est sécurité dans son pays.