«Seuls nous, Africains, pouvons donner pleine valeur à nos vies», le Rwanda entame les 100 jours de commémoration du génocide

Paul Kagame lors de la célébration du 30e anniversaire du génocide rwandais.

Le 11/04/2024 à 17h04

VidéoTrente ans après, le Rwanda se souvient du génocide, le dernier du 20ème siècle. Afin de rendre hommage à plus de 800.000 victimes, des activités sont programmées durant 100 jours à travers le pays et partout dans le monde, le temps qu’a duré le génocide des Tutsi au Rwanda.

Accompagné de son épouse et de plusieurs autres personnalités politiques venues des quatre coins du monde, le président du Rwanda, Paul Kagame, a déposé une gerbe de fleurs sur une des tombes du mémorial du génocide de Gisozi, à Kigali la capitale, le 7 Avril 2024. Ce mémorial est la dernière demeure de plus de 250.000 victimes d’un génocide qui a pris la vie à 800.000 personnes, un million selon l’ONU.

Parmi les personnalités présentes, les chefs d’Etat voisins comme Samia Suluhu Hassan, présidente de la Tanzanie, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et son épouse. Etaient également présents des amis venus de loin sur le continent comme le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le Malgache Andry Rajoelina et son épouse, Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, le centrafricain Faustin Archange Touadéra ou encore la première dame de la République de Guinée Laurianne Doumbouya.

L’ancien président américain Bill Clinton, Nicolas Sarkozy l’ex-président français, sans oublier la présence remarquée du président israélien Isaac Herzog, le premier dirigeant israélien à se rendre en Afrique depuis le début de la guerre. En tout, ils étaient près d’une centaine à venir aux côtés des Rwandais

Après le dépôt des fleurs, le président Paul Kagame et la première dame Jeannette Kagame ont procédé à l’allumage de la flamme de l’espoir au mémorial de Gisozi. «Une flamme qui symbolise non seulement notre passé, mais aussi l’espoir de demain. Elle brûlera pendant les cent prochains jours» selon les précisions de Ingrid Karangwayire, la maîtresse de la cérémonie. Cent jours comme le temps qu’a duré le génocide contre les Tutsi en 1994.

L’arbre de vie

Après la cérémonie au mémorial de Gisozi, les personnalités ont rejoint des milliers de Rwandais et d’amis du Rwanda rassemblés à la BK Arena pour les discours et des représentations artistiques pour la circonstance.

Au milieu de l’arène, une œuvre artistique hors du commun, l’arbre de vie qui selon les descriptions d’Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais et co-dirigeant des programmes à l’événement symbolise beaucoup de choses en même temps qu’il a énuméré «Les branches et le feuillage de cet arbre représentent la protection que les familles ciblées n’ont pas pu trouver pendant le génocide et sur laquelle les Rwandais d’aujourd’hui peuvent compter. Le tronc droit fait écho aux aspirations de la jeune génération, renforcées par la lumière interne et la sève qui coule de la vie à l’intérieur. Les racines illustrent la mémoire du passé que nous devons préserver, notre culture rwandaise commune sur laquelle nous sommes tous ancrés, et dont nous tirons inspiration et force pour atteindre le ciel, alors que nous construisons un avenir plus radieux

Car 30 ans après ces atrocités, le Rwanda s’est reconstruit. Difficilement mais sûrement et très vite selon les observateurs, un développement rendu possible par les choix difficiles qu’ont dû faire les Rwandais notamment de choisir le chemin du pardon et de la réconciliation. Des choix dictés par des leçons tirées des situations très compliquées auxquelles ils ont été confrontés comme l’a mentionné le président rwandais Paul Kagame dans son discours.

«Après le génocide, nous avons été confrontés à la difficile question de savoir comment l’empêcher de se reproduire. Il y avait trois grandes leçons que nous avons apprises à la suite de nos expériences. Premièrement, seuls nous, Rwandais et Africains, pouvons donner une pleine valeur à nos vies. Après tout, nous ne pouvons pas demander aux autres de valoriser les vies africaines plus que nous-mêmes ne le faisons. C’est là la racine de notre devoir de préserver la mémoire et de raconter notre histoire telle que nous l’avons vécue. Deuxièmement, ne jamais attendre les secours, ni demander la permission de faire ce qui est juste pour protéger les gens.»

Pour le président rwandais, seule une nouvelle génération de jeunes a la capacité de renouveler et de racheter une nation après un génocide.

«Notre travail était de leur fournir l’espace et les outils pour briser le cycle. Nos jeunes sont les gardiens de notre avenir et les fondements de notre unité, avec une mentalité totalement différente de celle de la génération précédente» a conclu le président rwandais.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 11/04/2024 à 17h04