Soudan: l’armée dit avoir délogé les paramilitaires de l’Etat de Khartoum

Khartoum (Soudan). Le Soudan figure à l'avant dernière place des pays les moins pacifiques au monde en se classant au 162e rang mondial avec un score de 3,324, à cause surtout de la guerre des généraux que traverse la pays depuis avril 2023.

Le 21/05/2025 à 08h27

L’armée soudanaise a annoncé mardi avoir délogé les paramilitaires de leurs dernières positions à Oumdourman, dans l’agglomération de la capitale, achevant ainsi sa prise de contrôle de l’ensemble de l’Etat de Khartoum, après une opération de grande envergure.

Les troupes du général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l’armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, ont lancé lundi cette offensive sur la cité d’Omdourman située dans l’ouest de la capitale, où s’étaient repliés une partie des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

L’Etat de Khartoum qui englobe la capitale Khartoum et plusieurs régions environnantes, «est complétement libéré des rebelles», a indiqué le porte-parole de l’armée, Nabil Abdallah dans un communiqué.

L’armée avait repris en mars le centre de la capitale, repoussant les paramilitaires vers des positions à Omdourman.

Les FSR n’ont pas commenté dans l’immédiat l’annonce de l’armée.

Après leur revers à Khartoum en mars, les paramilitaires ont multiplié les attaques de drones contre plusieurs villes à distance de la capitale, notamment Port-Soudan, le siège provisoire du gouvernement dans l’est du pays.

Selon l’armée, les drones utilisés par les FSR sont fournis par les Emirats arabes unis, qui ont formellement démenti.

«Gouvernance démocratique»

Le troisième plus grand pays d’Afrique en superficie est divisé par la lutte sanglante pour le pouvoir que se livrent depuis avril 2023 le général al-Burhane et son ancien bras droit, Mohamed Hamdane Daglo, le chef des FSR.

Parallèlement aux combats, chacun cherche à consolider ses positions sur le plan international.

Lundi, le général Burhane a nommé au poste de Premier ministre l’ancien directeur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), Kamel al-Tayeb Idris Abdelhafiz. Il a également désigné deux femmes au Conseil de souveraineté, au pouvoir depuis le coup d’état de 2021.

Son intention selon les experts est de légitimer son camp aux yeux de la communauté internationale avec un gouvernement de civils fonctionnel malgré la guerre.

La Ligue arabe a salué la nomination de M. Abdelhafiz comme un «pas important vers la reprise des activités des institutions civiles».

L’Union africaine, de laquelle le Soudan a été suspendu en 2021, a espéré que cette nomination permettrait de «rétablir l’ordre constitutionnel et la gouvernance démocratique au Soudan».

Dans le même temps, M. Burhane a annulé par décret les pouvoirs de supervision du Conseil de souveraineté sur le gouvernement, consolidant davantage son autorité.

Il espère «maintenir le pouvoir mais partager la responsabilité (...) parce que tout lui est maintenant reproché», selon l’analyste soudanaise Kholood Khair.

Le président russe Vladimir Poutine a invité mardi le général Burhane à participer au premier sommet russo-arabe prévu le 15 octobre, selon un communiqué du Conseil de souveraineté.

Mi-avril, le général Daglo avait annoncé la formation d’un gouvernement rival, ce qui risque, selon l’ONU, «d’aggraver la fragmentation du pays».

«Une escalade majeure»

Actuellement, l’armée du général Burhane contrôle le centre, l’est et le nord du pays, tandis que les FSR dominent l’ouest avec la quasi-totalité de la vaste région du Darfour et certaines parties du sud.

Les frappes des FSR sur Port-Soudan, une ville longtemps épargnée par les combats devenue l’épicentre de l’aide humanitaire, ont endommagé plusieurs infrastructures stratégiques, dont le dernier aéroport civil encore opérationnel au Soudan.

«L’amplitude de ces attaques de drones représente une escalade majeure dans le conflit», a alerté l’expert onusien en droits humains, Radhouane Nouicer, dans un communiqué à Genève. Selon lui, ces frappes visant des zones très peuplées «aggravent la situation humanitaire».

La semaine dernière, une attaque contre trois centrales électriques de Khartoum a provoqué une panne d’électricité, selon Médecins Sans Frontières (MSF), perturbant le fonctionnement de deux hôpitaux majeurs à Omdourman.

Le choléra se propage à travers le pays, avec l’enregistrement de 2.323 nouveaux cas, dont 51 décès, au cours des trois dernières semaines, dont 90% dans l’Etat de Khartoum, selon les autorités sanitaires.

La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 13 millions d’autres et provoqué ce que l’ONU décrit comme la «pire crise humanitaire» actuelle dans le monde.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 21/05/2025 à 08h27