Soudan: pour le N.2 du pouvoir militaire, le putsch a permis «le retour» de l’ancien régime

Le général Mohamed Hamdan Daglo, chef adjoint du Conseil militaire de transition du Soudan, s'exprime après la signature de la déclaration constitutionnelle avec les dirigeants de la contestation, Khartoum le 4 août 2019.. AFP or licensors

Le 19/02/2023 à 15h11

Le numéro deux du pouvoir né du putsch au Soudan, le chef paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo, a accusé dimanche ce coup d’Etat d’avoir «ouvert la porte» au retour des caciques de la dictature militaro-islamiste d’Omar el-Béchir, déchu en 2019.

Dans un discours, le patron des très redoutées Forces de soutien rapide (FSR), composées en bonne part d’ex-miliciens, a admis «plusieurs erreurs».

«La dernière en date a été le 25 octobre» 2021, quand les généraux, le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane en tête, ont fait arrêter la quasi-totalité des civils qui partageaient le pouvoir avec eux depuis la chute de Omar el-Béchir, a-t-il dit.

Car ce coup de force «a ouvert la porte au retour de l’ancien régime», a affirmé Mohamed Hamdan Daglo, surnommé «Hemedti».

De fait, de nombreux responsables, limogés durant la brève transition de 2019 à 2021 ont été réinstallés à leurs postes, alors que les autorités putschistes ont gelé les institutions qui avaient été tout juste créées pour démanteler les réseaux de l’ère Béchir, en particulier dans l’administration.

Malgré tout, les civils, limogés lors du putsch, ont signé en décembre un nouvel accord-cadre avec les militaires pour un retour au partage du pouvoir, condition sine qua non au retour de l’aide internationale --40% du budget de l’Etat au Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde.

Cet accord-cadre est «la voie de sortie de crise», a estimé dimanche le général Daglo, alors que la rue et de nombreux experts dénoncent un accord «vague» sans calendrier ni mécanisme clairs.

Depuis des semaines, politiciens et figures de la société soudanaise discutent des questions épineuses notamment celles de la justice de transition et de la réforme des forces de sécurité.

Ce dernier point est probablement le plus problématique: faut-il ou non intégrer les FSR aux troupes gouvernementales?

Pour le général Daglo, il le faut et, a-t-il lancé dimanche, il ne permettra «pas aux hommes de l’ancien régime de s’immiscer» entre l’armée et les FSR.

Vendredi, le général Burhane avait plaidé pour «une armée unique (...) pour défendre le Soudan».

Composées de miliciens Janjawids, accusés d’atrocités lors de la longue et meurtrière guerre civile déclenchée en 2003 au Darfour (ouest), les FSR ont été accusées d’être aussi impliquées dans la répression de la révolte anti-Béchir.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 19/02/2023 à 15h11