Dans la matinée, le procureur de la république de N’Djamena avait fait état de «morts parmi lesquels Yaya Dillo», survenus le 28 février sans donner de précisions sur les circonstances.
Yaya Dillo est mort «là ou il s’était retranché, au siège de son parti. Il n’a pas voulu se rendre et a tiré sur les forces de l’ordre», précise Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement et ministre de la communication.
L’opposant était accusé d’avoir mené, dans la nuit de mardi à mercredi, une attaque contre les locaux des services de renseignements à la suite de l’arrestation d’un de ses militants pour «tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême».
Interrogé par l’AFP, quelques heures avant sa mort, M. Dillo avait farouchement nié et dénoncé «un mensonge» et une «mise en scène» destinée à écarter sa candidature contre le général Déby à la présidentielle prévue le 6 mai prochain.
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Yaya Dillo Djérou, mort mercredi dans l’assaut contre le QG de son parti, était non seulement le plus farouche opposant au chef de la junte, son cousin le général Mahamat Idriss Déby Itno, mais aussi son rival le plus redouté pour la présidentielle prévue dans deux mois.
Car il était issu du même clan familial Déby et de la même ethnie Zaghawa qui régissent le Tchad depuis 33 ans.
Ex-rebelle armé devenu ministre puis opposant politique, il était le neveu du défunt maréchal Idriss Déby Itno, qui régna d’une main de fer sur ce vaste pays sahélien 30 années durant, jusqu’à sa mort le 19 avril 2021, sous les balles d’une énième rébellion alors qu’il se rendait au front.
Il était donc le cousin de Mahamat Déby, jeune général proclamé par l’armée président de transition, à 37 ans, à la tête d’une junte de 15 généraux, le lendemain du décès de son maréchal de père.
Né il y a 49 ans dans la même province désertique de l’Ennedi Est que son célèbre oncle, Yaya Dillo appartenait au clan familial mais surtout à cette ethnie des Zaghawa, très minoritaire dans le pays mais qui monopolise les rouages essentiels de l’Etat et de la toute puissante armée depuis l’arrivée au pouvoir en 1990 d’Idriss Déby, à la suite d’un coup d’Etat.