Depuis plusieurs jours, des familles entières, avec des enfants et des bébés, campaient aux abords de l’ambassade, sur des matelas et pour certains sous une bâche, au milieu de leurs effets personnels.
La majorité avait été expulsée de leur logement par leur propriétaire qui s’exposent à de lourdes amendes et des peines de prison, dans le cadre d’un sévère durcissement de la politique migratoire, réclamé le 21 février par le président Kaïs Saied.
«Avant-hier on a été débordés, mais hier on est parvenus à loger 55 personnes dont au moins quatre femmes avec des enfants en bas âge», a annoncé à l’AFP un diplomate ivoirien, sous couvert d’anonymat.
L’ambassade a loué «un immeuble entier avec une dizaine d’appartements meublés» et les personnes s’y sont installées mardi soir, a-t-il dit, précisant que l’ambassade avait dû signer elle-même le contrat de location pour vaincre les réticences des logeurs.
Il y a une semaine, le président Saied a annoncé des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables».
Un grand nombre parmi les 21.000 migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail (généralement informel) et leur logement.
D’autres ont été arrêtés pour des contrôles policiers et certains ont témoigné d’agressions physiques.
Cette situation a provoqué l’afflux de dizaines de migrants vers leurs ambassades, en particulier la Côte d’Ivoire et le Mali (qui a pris en charge l’hébergement d’une trentaine de personnes), pour repartir dans leurs pays.
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Selon le diplomate ivoirien, sur la liste des rapatriements volontaires ouverte depuis vendredi dernier par l’ambassade, il y a désormais «plus de 800 demandes» et il y a «encore foule aujourd’hui».
Mais l’organisation de ces vols retours est retardée par les «pénalités que doivent payer les personnes ayant dépassé les délais de séjour» qui dépassent souvent les 1.000 euros, a dit le diplomate.
«Nous demandons aux autorités tunisiennes de lever ces pénalités et d’établir un moratoire d’au moins trois mois. On ne peut pas dire aux gens de partir et ne pas leur permettre de le faire», a-t-il lancé, regrettant la précipitation dans laquelle les mesures contre les migrants en situation irrégulière ont été prises.
«C’est une question de décence alors que ces personnes n’ont pas suffisamment d’argent pour payer les pénalités et le billet d’avion», a ajouté le diplomate.