Sénégal: comment l'Emir du Qatar s'invite dans les législatives

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Le 10/07/2017 à 13h47, mis à jour le 10/07/2017 à 13h50

Alors que le Sénégal a choisi de rappeler son ambassadeur à Doha après le déclenchement de la crise dans les pays du Golfe et que débute la campagne pour les élections législatives, le nom de l'Emir du Qatar a été cité plusieurs fois, aussi bien par l'opposition que la présidence de la République.

Au Sénégal, on a le don de ramener tous les sujets à la politique, mais cette fois l'Emir du Qatar est au centre de la campagne électorale bien malgré lui.

En effet, dans une déclaration faite lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision 2Stv, l'ex-président de la République Abdoulaye Wade a affirmé, parlant de son fils Karim Wade en prison jusqu'en juin 2016, qu'il "était devenu une patate chaude pour Macky Sall qui ne savait plus quoi faire avec lui". Du coup, il s'est adressé à l'Emir du Qatar pour qu'il le tire d'affaire, "connaissant l'amitié qui liait Karim à Ahmed El Khalifa Al-Thani". C'est alors que l'Emir a dépêché à Dakar son procureur et a mis son jet à la disposition de Karim pour qu'il se rende à Doha dès sa libération. 

Connaissant la finesse politique d'Abdoulaye Wade, le choix du timing de ces révélations à la veille de l'ouverture officielle de la campagne électorale n'est pas le fait du hasard. C'est probablement une manière de dire que le pouvoir en place craint l'affrontement avec Karim Wade au point d'avoir demandé que l'Emir du Qatar l'éloigne momentanément du Sénégal. 

"Faux", dit par contre El Hadj Cassé, le ministre-conseiller en charge de la Communication de la présidence, car "non seulement c'est de la spéculation, mais Abdoulaye Wade sait ce qui s'est passé. Il sait ce qu'il a demandé à l'Emir du Qatar". El Hadj Cassé, visiblement très secoué par les propos de l'ex-président de la République, par ailleurs tête de liste de la Coalition gagnante "Wattu Senegal" ne compte pas s'arrêter là. Il menace de diffuser "le contenu en arabe de la lettre adressée par l'Emir du Qatar au président Macky Sall et sa traduction en français". 

Evidemment, pour des raisons de politique interne, aucun Etat ne mettra sur la place publique des échanges diplomatiques de ce genre. C'est sur cela que compte Abdoulaye Wade pour justement maintenir le flou qui entoure la libération de Karim Wade. Flou qui est tout à son avantage. 

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la première fois que le Qatar est évoqué. Il y a une quinzaine de jours, un certain Rilke Ndongong, un Qatari d'origine camerounaise, mais ayant également la nationalité américaine, a été arrêté à l'aéroport de Dakar avec un sceau du Qatar, des cachets, des documents financiers et la modeste somme de 5 millions de Fcfa, soit 7700 euros. Cette histoire est connue sous l'affaire de la "mule de Karim Wade". Puisque le journal qui l'a révélée affirme que Ndongong a été envoyé par Karim Wade à la veille des élections pour financer des partis d'opposition. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/07/2017 à 13h47, mis à jour le 10/07/2017 à 13h50