«Venir en aide aux lanceurs d’alerte africains, désireux de divulguer des informations au nom de l’intérêt général», est selon William Bourdon, l’objectif visé par la Plateforme de protection des lanceurs d’alertes en Afrique (PPLAAF) qui vient d'être créée. L’avocat français, président du PPLAAF, intervenait à l’occasion du lancement, ce mardi 7 mars 2017, de cette ONG qui se veut un bouclier de protection pour ceux qui, par la conscientisation, l’information, ou par la saisine des juridictions compétentes, agissent pour l’intérêt commun des citoyens. Cette initiative, est «le début d’une grande aventure au service des citoyens africains», a ajouté, maître William Bourdon.
Abondant dans le même sens, Alioune Tine, secrétaire général d’Amnesty International en Afrique de l’Ouest et du centre, assimile les lanceurs d’alerte à des «héros des temps modernes».
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Partant de ce constat, la PPLAAF tente de mettre fin à l'«injustice» dont souffrent les journalistes, militants des droits de l’Homme ou simple citoyens, dont la seule faute est de dénoncer la corruption, l’abus de pouvoir et les détournements de deniers publics. En effet, l’organisation propose aux lanceurs d’alerte une assistance technique, juridique et médiatique.
D'ailleurs, Khadija Sharif, la directrice de la PPLAAF a annoncé la mise en place d’un système sécurisé de transmission des informations. Ainsi, son organisme propose aux lanceurs d’alerte le logiciel Tor qui est un réseau informatique superposé mondial et décentralisé. Il dispose de plusieurs serveurs qui constituent les «nœuds» du réseau. Tor rend anonyme l’origine des connexions et la source d'une session de navigation web ou de messagerie instantanée.
Maître William Bourdon, l’ex-avocat du très médiatisé lanceur d’alerte américain Edward Snowden, est revenu sur l’utilité et l’intégrité de la plateforme lancée à Dakar. «La crédibilité de la plateforme est en jeu. Donc nous n’allons pas accepter quelqu’un qui voudra nous manipuler ou favoriser une quelconque affaire politicienne», a-t-il précisé.
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Faisant partie des initiateurs, Alioune Tine a pour sa part déclaré que, "la société civile et les organisations internationales ont l'obligation de protéger les lanceurs d'alerte, ces héros des temps modernes" qui, "pour la défense de l'intérêt général, risquent la prison, et parfois la mort".
Dans la même veine, le juge Baltazar Garzon a soutenu que cette ONG sera «un mécanisme et un moyen de protection nécessaire pour que ces personnes puissent continuer» leur travail d'autant plus que «dans de nombreux pays, il n'y a pas de volonté de lutter contre la corruption».
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Faisant de la lutte contre la corruption et le recouvrement des biens mal acquis un impératif, le Président Muhammadu Buhari du Nigéria a promis de remettre une commission de 5% à tout lanceur d’alerte qui permettra de récupérer une fortune indûment acquise.
Ainsi, après l’étape de Dakar, le juge Baltazar Garzon et les co-initiateurs de la PPLAAF projettent d’ouvrir des discussions avec les chambres parlementaires nigérianes afin de profiter de leurs expériences en la matière.
«La volonté de lutter contre la corruption fait défaut dans beaucoup de pays, et la PPLAAF apporte un mécanisme de protection nécessaire qui va permettre aux lanceurs d’alerte de mieux contribuer à la préservation de l’intérêt public», a-t-il conclu.