Papa Massata Diack persiste et signe: "c'est le plus gros mensonge de l'histoire du sport mondial", avait-il dit il y a quelques semaines. Ce qu’il réitère dans cette nouvelle interview. L'homme s'est bien préparé dans son exercice de communication et a décidé de ne plus se taire.
Selon lui, tout est parti, en janvier 2015, d'une enquête sur un système de dopage en Russie. Et dès le mois 2015, "Richard William Pound qui présidait la commission d'enquête et deux de ses collaborateurs ont apporté les faits au niveau du parquet financier français". Ils n'ont pas "attendu les conclusions de leur rapport qui ne sera publié que le 9 novembre 2015".
Pourtant, dès le 1er novembre, son père, président de l'International athletism associations federation (IAAF), Lamine Diack, sera arrêté par la justice française, alors qu'il devait tenir une conférence à Paris sur invitation de la Fédération française d'athlétisme.
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A partir de là, selon lui, un "lynchage médiatique" en règle est perpétré à travers des fuites insidieusement distillées dans des sites français, la presse anglaise ou la télévision allemande.
Les hommes en charge de l'enquête pénale que le juge français est supposé mener se sont bien gardés de se rendre au "Sénégal, en Russie ou au Japon", pays qui sont pourtant au centre de l'affaire. Car Lamine Diack est de nationalité sénégalaise et les faits sont supposés s'être déroulés en Russie et de façon marginale au Japon. "On attend toujours, des conclusions formelles avec des preuves formelles", affirme-t-il.
Et d'ajouter que "jusqu'ici, cette enquête mondiale piétine". Pour lui, au bout de 22 mois d'enquête, le parquet financier de Paris n'a pas été en mesure d'identifier un quelconque virement de 1,5 million d'euros en faveur de Lamine Diack, de Papa Massata Diack ou des sociétés que contrôle ce dernier. Pourtant c'est sur ces 1,5 million d'euros qu'est censée reposer l'accusation pour corruption et blanchiment aggravé.
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Le fils de Lamine Diack poursuit en affirmant, qu'après le dopage en Russie, l'Agence mondiale anti-dopage a même dépassé ses prérogatives en ouvrant une enquête sur l'attribution des Jeux olympiques et des contrats de sponsors. "Ce qui n'est pas de leur ressort", martèle-t-il avant de se demander pourquoi et de répondre de façon déductive. "Je crois que par manque de preuves sur le dopage en Russie, il se sont rabattus sur d'autres sujets pour faire diversion".
A partir de là, il charge la justice française, affirmant qu'une telle "pratique est indigne" de sa part. En tout cas, pour lui tout ce dossier est traité avec une légèreté qui ne trompe plus personne avec des fuites médiatiques qui suivent un timing bien précis. En effet, chaque fois que la presse internationale reparle du dossier c'est surtout à la veille d'une session du Comité international olympique (CIO). C'était le cas en 2014, avant la session de Monaco, ensuite en 2015 à celle de Lima et c'est encore le cas à trois jours de celle de Rio de Janeiro cette année.
"Il aurait été plus facile, dans le cadre de la coopération judiciaire entre la France et le Sénégal de s'adresser officiellement à la justice sénégalaise pour des accusations contre ses ressortissants Lamine et Papa Massata Diack", conclut-il.
Il faut aussi dire que dans ce dossier les intérêts français et les enjeux de succession au niveau de la puissante IAAF ne sont jamais loin. En effet, Paris a échoué à quatre reprises dans sa volonté d'être attributaire de l'organisation des jeux olympiques. La session de Rio semble être un épilogue bien heureux pour la capitale française, deux ans après que sa justice ait définitivement écartée Lamine Diack sans que l'enquête n'ait abouti à une conclusion ou qu'un procès ait lieu.