Des contrats ont été unilatéralement rompus par les responsables guinéens, des entreprises dans lesquelles étaient impliqués des investisseurs chinois fermées sans le consentement de ces derniers et des hommes d’affaires chinois poussés jusqu’à leurs derniers retranchements. L’attitude des autorités guinéennes ne garantit plus les intérêts des investisseurs chinois.
Lors de sa récente tournée africaine, le numéro 1 chinois, Xi Jinping, a visité le Sénégal, le Rwanda et l’Afrique du Sud mais il n’a pas jugé opportun de passer en Guinée Conakry. Et pourtant, ce pays qui partage sa frontière ouest avec le Sénégal a été le premier, en 1960, à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine. Jusqu'à une date récente, la coopération entre la Chine et le pays d’Alpha Condé était bien entretenue. Aujourd’hui, le président Xi Jinping semble se détourner de son premier allié africain au profit d’autres pays du continent qui offrent de meilleures opportunités d’affaires aux investisseurs.
Un accord de 20 milliards de dollars, étalé sur la période 2017-2036
Le 6 septembre 2017, la Chine et la Guinée avaient signé un accord de financement de 20 milliards de francs Cfa. En contre-partie de l’installation d’une raffinerie d’alumine appartenant à China Power Invetment Corp, de l’exploitation de deux mines de bauxite par Aluminium Corp of China et la China Henan International Coopération Group, la Chine devait financer des infrastructures en Guinée. Avec cet accord de financement qui devait être étalé sur la période 2017-2036, ces trois multinationales chinoises pouvaient démarrer leurs activités dans la ville de Boffa.
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D’ailleurs, le groupe chinois TBEA avait simultanément commencé la construction du grand barrage d’Amaria et l’Exploitation des mines de bauxite de Sontou, préfecture de Télimélé dans la région de Kindia, au nord-ouest de la Guinée Conacky.
Un comportement peu rassurant
Durant ces deux dernières années, les entreprises chinoises sont très présentes en Guinée Conakry. Il est toutefois curieux de voir que le pays d’Alpha Condé n’a pas été inscrit dans le programme de la tournée africaine du président Xi Jinping. Mais un retour sur des évènements qui ont touché des entreprises et des ressortissants chinois en Guinée Conakry permet de mieux comprendre pourquoi le numéro 1 chinois a boudé Conakry.
En effet, les rapports économiques entre les deux pays ont quelque peu changé, depuis cette année. Les hommes d’affaires chinois ne sont plus rassurés de continuer à investir dans ce pays qui a, de façon unilatérale, rompu des contrats avec leur pays. A titre d’exemple, on peut citer la fermeture du Grand Casino de Conakry et de l’hôtel qui l’abritait.
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Des investisseurs chinois n’ont pas été épargnés dans la fermeture brutale de l’usine de textile de Sanoyah, de la Tannerie de Yimbaya. L‘arrêt des activités des laboratoires de produits pharmaceutiques appartenant à des Chinois est venu davantage compliquer les relations entre les deux pays. Pire encore, la fermeture des Casinos et la traque des ressortissants chinois par les services spéciaux guinéens, sous les ordres du Colonel Tiégboro Camara, n’est pas pour arranger les choses. Le souvenir de l’assassinat d’un commerçant chinois à Conakry est venu augmenter cette tension entre ressortissants de l’Empire du milieu et Guinéens.
Un nouvel allié pour la Chine
Il est difficile pour un pays d’évoluer en se repliant sur lui-même. Il faudra, pour les pays sous-développés, nouer des partenariats gagnant-gagnant avec les pays développés, pour pouvoir tirer leur épingle du jeu. Le Sénégal semble avoir retenu la leçon. Ainsi, au moment où les hommes d’affaires et ressortissants chinois sont entrain de rencontrer d’énormes difficultés en Guinée Conakry, le Sénégal est entrain de leur tendre les bras en leur montrant les opportunités d’investir dans ce pays. Cette attitude des autorités sénégalaises semble aujourd’hui porter ses fruits. En effet, depuis 2016, les échanges commerciaux avec la Chine occupent la deuxième place, derrière la France.
Comme en témoignent les 10 accords de coopération signés, lors de la récente visite du président chinois à Dakar, les relations entre le Sénégal et la Chine sont entrées dans une nouvelle phase. Ces accords qui sont estimés à 1 milliard de Yuans (83 milliards de francs Cfa) concernent, entre autres, le développement des infrastructures, la technique et la mise en valeur des ressources humaines.