Sénégal-pétrole: Frank Timis Vs opposition, la bataille juridique est lancée

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Le 11/10/2016 à 10h58, mis à jour le 11/10/2016 à 11h45

Frank Timis est passé à l’acte. Il a, via son avocat, formellement porté plainte, hier, contre 11 opposants, sur les 21 personnalités ciblées, pour «diffamation, diffusion de fausses nouvelles et pour association de malfaiteurs».

Frank Timis a mis sa menace à exécution. Par le biais de son avocat sénégalais, Me El Hadji Diouf. L’homme d’affaires australo-roumain est passé à l’acte, hier, en déposant formellement une plainte contre plusieurs opposants sénégalais «pour diffamation, diffusion de fausses nouvelles et pour association de malfaiteurs».

Sur les 21 opposants visés, un premier groupe composé de 11 personnes vient de recevoir la notification des plaintes. Il s’agit de Malick Gakou, leader du Grand parti et coordonnateur de «Mankoo Wattu Senegaal» (Front de l’opposition pour la défense du Sénégal), du Pr Malick Ndiaye, ex-ministre conseiller de Macky Sall, de Birahime Seck (Forum civil), de Mamadou Diop «Decroix», de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, Mouth Bane («Jubbanti Senegaal»), de Mamadou Lamine Diallo (Mouvement Tekki), des journalistes Adama Gaye et Baba Aïdara (ce dernier est basé à Washington), d’Ousmane Sonko, l’inspecteur des Impôts et Domaines et leader de la formation Pasteef/Les patriotes, récemment révoqué de la Fonction publique et Alioune Guèye.

C’est avec un plaisir non dissimulé que Me El Hadji Diouf a égrené ces noms lors d’une conférence de presse lundi après-midi, à Dakar. «L’intention (de diffamer son client) est manifeste, la méchanceté est gratuite, les accusations sont gratuites. Par conséquent, il y a diffamation», a expliqué le tonitruant avocat.

Mais l’opposition s’est dite «nullement ébranlée» par cette plainte. Malick Gakou, le coordonnateur de «Mankoo Wattu Senegaal», estime même que la plainte de M. Timis «est la bienvenue, parce que nous cherchons la clarté». Il dit donc accueillir cette plainte «avec satisfaction» pour mieux «défendre (son) pays et ses ressources». Mais également «pour montrer que le Sénégal est un pays libre, une liberté acquise de haute lutte». Par conséquent, ce n’est pas Timis ou quelqu’un d’autre qui va empêcher le peuple sénégalais de se poser des questions sur la manière dont le gouvernement gère le pays et ses ressources, ajoute Malick Gakou.

Parallèlement à cette bataille juridique qui s’annonce, l’opposition entend maintenir la pression politique sur Macky Sall et son gouvernement. «Les questions juridiques vont être gérées au niveau du tribunal, mais les questions politiques seront gérées au niveau politique, et cette question est éminemment politique. (C’est pourquoi) nous attendons les réponses du président Macky Sall, Timis ne nous intéresse même pas», conclut Malick Gakou lors d’une conférence de presse de "Mankoo Wattu Senegaal", hier soir, au siège du Parti démocratique sénégalais (PDS), qualifiant la plainte de Frank Timis de "poussière".

L’opposition promet aussi d’organiser une autre conférence de presse, ce mercredi, pour «répondre à Frank Timis». Certains observateurs de la scène politique sénégalaise estiment que cette bataille juridique et tout ce déballage –qui risque d’échauder les investisseurs– n’augure «rien de bon» pour Macky Sall. C’est peut-être pour cette raison que les réactions sont, pour le moment, un peu timides du côté du gouvernement.

Invité hier sur le plateau de la Télévision futur média (TFM), Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Energie sous l’ère Macky Sall (lors de la confirmation de l’attribution des permis d’exploration pétrolière à Frank Timis), actuellement en charge du département de l’Industrie et des mines, a estimé que si cette plainte de Frank Timis peut permettre d’éclairer les Sénégalais, il «n’y voit pas de problème, parce que tout le monde dit qu’il faut que ça soit très clair». Même si, à son avis, les éclairages du gouvernement et de Frank Timis auraient déjà dû clore le débat. Ce qui n’est visiblement pas le cas !

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 11/10/2016 à 10h58, mis à jour le 11/10/2016 à 11h45