Estimées à 500 milliards en 2014 et à 758 milliards en 2016, les recettes douanières continuent d’être le poste le plus important du budget sénégalais. Le ministre délégué chargé du Budget annonce l’objectif de 800 milliards de francs CFA en 2017, soit 1,25 milliard d’euros.
Ce montant représente 36,7% des recettes budgétaires 2017, lesquelles devraient être de 2.182 milliards d’après la loi de finances. Or, le Sénégal a accepté depuis le mois de mai dernier les Accords de partenariats économiques (APE) qui visent à établir le libre-échange entre l’Union européenne et les pays africains.
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Dépendance des importations
Le fait est qu’après les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union européenne est le principal partenaire commercial du Sénégal. En 2014, les échanges avec l’UE représentaient 40,9% du commerce extérieur du Sénégal, tandis que ceux avec le Mali et le Nigéria, ses principaux partenaires en Afrique, étaient respectivement à 14,5% et 11,64%.
Les importations en provenance des 28 pays de l’Union européennes ont été de 5,9 milliards d’euros en 2013, représentant plus de la moitié du total des importations. Car, faut-il le rappeler, la balance commerciale avec l’Union européenne présente un déficit structurel. C’est dire à quel point, les recettes douanières sénégalaises dépendent des échanges avec l’Union européenne. Ceux établis entre les pays de la CEDEAO étant soumis à des droits de douanes très réduits, l’essentiel des recettes douanières du Sénégal est tributaire de ses échanges avec l’Union européenne.
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Suicide économique et budgétaire
Depuis 2007, l’Union européenne milite pour la mise en place des Accords de partenariat économiques avec les pays africains qui visent le libre-échange entre l’Europe et l’Afrique. Ainsi les produits manufacturés en Europe, essentiellement fabriqués à partir de matières premières africaines, vont entrer librement au Sénégal. Ceci pourrait être préjudiciable à une économie peu industrialisée, pensent de nombreuses personnes.
Des voix s'élèvent pour dénoncer ce qu'elles appellent ironiquement «les accords de pendaison économique». «Pour nous, les APE, c'est fini», avait même déclaré Abdoulaye Wade, l’ex-président sénégalais au sortir du sommet de Lisbonne en 2007.
La mise en place des APE devrait donc accentuer la dépendance du budget sénégalais vis-à-vis des bailleurs de fonds et des dons en tous genres. Ce serait d’autant plus regrettable que des Européens ont plaidé la cause des maigres économies africaines. «Les APE prévoient non seulement la suppression des droits de douane pour les trois quarts des produits européens, mais aussi l’impossibilité de les rétablir par la suite, si la politique des pays ouest-africains devait changer», a déclaré Pascal Erard, responsable du plaidoyer du Comité français de solidarité internationale.