Guinée: Ebola disparaît et les compagnies aériennes filent à nouveau le grand amour avec Conakry

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Le 03/02/2017 à 16h37, mis à jour le 16/02/2017 à 19h13

Après avoir déserté Conakry en raison de l'épidémie d'Ebola, les compagnies aériennes reviennent. La capitale guinéenne attire même de nouvelles venues. Cette semaine, la destination a accueilli deux vols inauguraux.

Le ciel guinéen s'ouvre davantage au monde. En effet, après le retour d'anciennes compagnies comme Emirates Airlines, arrivent de nouvelles compagnies qui inaugurent des vols à destination de Conakry. Des avions d'Aigle Azur, de Turkish Airlines et d'Ethiopian Airlines ont successivement atterri sur le tarmac de l'aéroport Gbéssia. Les deux dernières compagnies citées ont été accueillies pour la première fois dans le courant de cette semaine.

Cette ouverture est mise à l'actif de "l'offensive diplomatique du chef de l'Etat", affirme-t-on chez les proches du gouvernement. "Je voudrais saluer l'engagement de nos deux chefs d'Etat dans le renforcement de la coopération entre nos deux pays, notamment dans le transport aérien qui est un secteur porteur de croissance et un excellent moteur de développement", a dit le ministre des Transport, Oyé Guilavogui, en accueillant lundi 30 janvier le vol inaugural de la compagnie Turkish Airlines. 

Intense activité diplomatique

Evidemment, certains n'hésitent pas à faire le lien avec les récents gestes diplomatiques d'Alpha Condé qui a été le premier chef d'Etat à demander la fermeture des écoles affiliées au réseau du prédicateur turc Fethullah Gülen. De plus, début janvier Condé s'était rendu en Turquie. 

Lors du vol inaugural d'Ethopian Airlines, Fatoumata Kaba, ambassadrice de la Guinée en Ethiopie, n'a pas tari déloges pour le chef de l'Etat. Selon elle, ces nouvelles lignes sont "aussi le résultat de la politique d'ouverture" menée par Condé. Et d'ajouter: "depuis son arrivée, il a rallumé la flamme du panafricanisme". Cette dernière compagnie va démarrer avec des vols Addis-Abeba - Conakry via Abidjan à raison de quatre vols hebdomadaires.

En tout cas, certains commencent à percevoir une nette différence en matière de tarifs. "Il y a un mois, j'ai rencontré un de nos compatriotes qui a payé 1.700 dollars pour venir en Guinée", témoigne Aissatou Bella Diallo, la General sales agent (GSA) d'Ethiopian Airlines . "Cette fois-ci (avec le vol direct, ndlr), il n'a payé que 1.040 dollars."

"Ethiopian aujourd'hui, Turkish le lundi, ce sont des actions en faveur de la visibilité du pays ", affirme pour sa part la ministre des Affaires étrangères Makalé Camara.

L'immense joie des autorités guinéennes peut s'expliquer par le calvaire vécu au cours des trois dernières années en raison de l'épidémie d'Ebola. L'"Ebola phobie" avait amené de nombreuses compagnies aériennes à suspendre leurs vols à destination de Conakry. L'absence de compagnie nationale avait suscité beaucoup de regrets chez les Guinéens. Le pays avait néanmoins bénéficié de la solidarité de la Royal Air Maroc. La compagnie marocaine a continué à desservir régulièrement le pays. Même si elle avait eu un temps d'hésitation, Air France avait aussi maintenu ses vols. 

" Bientôt Air-Guinée "

En accueillant l'avion de ligne éthiopien, le ministre guinéen des Transports a renouvelé l'annonce de la relance de la compagnie nationale Air Guinée. Après une première promesse non tenue — dans un premier temps, le gouvernement avait annoncé la relance pour fin décembre 2016 —, le gouvernement guinéen s'active à rendre la compagnie opérationnelle en mars prochain. Avant la fin du trimestre, une première compagnie nationale pourrait être lancée en février pour assurer le transports des produits agricoles locaux vers l'extérieur. "Une nouvelle compagnie a été créée et portera la dénomination de Cargo-Guinée. Elle transportera tous les produits sortant de nos plantations vers l'Europe. Son lancement est prévu autour du 20 février ", a annoncé Oyé Guilavogui.

Air Guinée avait été dissoute en 2002, 42 ans après sa création, privant ainsi le pays de sa compagnie nationale. Une mauvaise gestion avait été à la base de son insuccès. Jusqu'en 1992, date de sa privatisation, la compagnie accusait une perte annuelle de 4 millions de dollars.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 03/02/2017 à 16h37, mis à jour le 16/02/2017 à 19h13