A quoi servent France24 et Radio France Internationale? C'est la question que les réseaux sociaux sénégalais se posent depuis quelque temps. En l'espace de trois semaines, les chaînes du groupe public France Media Monde ont diffusé tour à tour des reportages sur la Casamance avec des interviews de Salif Sadio, chef des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Cette démarche en a surpris plus d'un au Sénégal où on trouve que la coïncidence est troublante avec les récents développements dans la découverte de ressources naturelles.
L'étonnement des Sénégalais est d'autant plus grand qu'en réalité, ces deux chaînes n'ont jamais recueilli d'interviews des chefs rebelles, notamment au moment où l'on pouvait parler de conflit. Aujourd'hui, que tout s'est calmé et que l'unique soutien qu'ils avaient en la personne de Yahya Jammeh est déchu, France24 et RFI veulent remuer le couteau dans la plaie casamançaise.
Depuis la diffusion du reportage qui tourne en boucle sur France24, les réactions se multiplient, surtout devant le mutisme des autorités sénégalaises qui étaient pourtant au courant. Puisque la chaîne a essayé d'avoir un entretien avec le ministre des Forces armées ainsi que le chef d'état-major. C'est pourquoi cette internaute surnommée Galsen Made s'étonne en ces termes: "Donc France24 a diffusé un reportage sur la rébellion en Casamance, alors que le sujet est interdit à notre presse".
"Je dénonce le comportement irresponsable et dangereux de ces deux médias français. A l'heure des découvertes d'importants gisements de pétrole, de gaz et de zircon dans notre pays, ces terroristes du MFDC ne doivent pas s'exprimer sur des chaînes françaises de la sorte pour créer de la zizanie et faire des appels du pied à des forces ténébreuses qui sèment le mal en Afrique et dans le monde", écrit le docteur Alboury Ndiaye, Président du mouvement Nouvelle Vision pour le Sénégal et bloggeur à ses heures perdues.
En diffusant ces reportages, les deux chaînes offrent aux rebelles une visibilité, voire une légitimité qu'ils n'ont jamais eues, ni en Casamance et encore moins à l'échelle internationale. Ces reportages ont été diffusés quelques semaines après que le pétrolier Total a obtenu le limogeage d'un ministre de l'Energie qui ne voulait pas signer avec lui le contrat d'attribution d'une zone offshore potentiellement riche en hydrocarbures.
Cela confirme, malheureusement, l'idée selon laquelle des forces occultes veulent maintenir une pression, aussi légère soit-elle, sur le Sénégal en montrant que, malgré les apparences, il est aussi facile de le déstabiliser que La Libye, la Côte d'Ivoire, le Rwanda, etc. Ce sont autant de pays qui ont connu des conflits et des abominations dans lesquelles la main de la France est clairement visible.
Sur la chaîne Youtube de France24, les réactions sont également les mêmes.
"Maintenant on a découvert du pétrole au Sénégal et cette chaîne française s'intéresse au problème casamançais, mais on sait que leur petit jeu commence par-là. Tout cela, c'est pour soulever le problème pour que ces rebelles casamancçais reprennent le combat et que ce dernier leur ouvre la porte pour mieux spolier nos ressources comme ils l'ont fait en Libye", écrit un internaute.
"Ce n'est pas du journalisme mais de l'apologie du terrorisme", renchérit un autre. Et de poursuivre: "Mais on n'est pas surpris vu la nature de France 24: un média rattaché au ministère français des Affaires étrangères et au service de la politique extérieure de la France, tout comme RFI. L'absurdité du combat de Salif Sadio: il pose des mines contre son propre peuple et en même temps prétend vouloir le libérer. Voilà un homme égoïste, qui a raté sa vie et que l'histoire le retiendra à jamais comme un lâche".