Vidéo. Mali: les assassins des journalistes de RFI en 2013 seraient en Algérie

Vidéo4 ans après l’assassinat au Mali de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, deux journalistes de RFI, l’enquête traîne toujours. Les suspects se seraient réfugiés en Algérie.

Le 04/11/2017 à 11h39, mis à jour le 04/11/2017 à 11h45

Le 2 novembre, journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, les familles de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, les deux journalistes assassinés en 2013 au Mali, attendaient toujours que la lumière soit faite sur ces crimes. Ils dénoncent la lenteur des enquêtes menées en France et au Mali.

L’association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon reconnaissent que l’enquête a connu quelques avancées, à l’occasion de la conférence de presse organisée pour préparer le quatrième anniversaire du meurtre des deux journalistes à Kidal, dans le nord du Mali, le 2 novembre 2013. «Des suspects sérieux ont été identifiés. Deux d'entre eux ont été neutralisés lors d'opérations militaires et un autre serait mort dans un accident de moto.» Toutefois, «les enquêtes auraient montré que deux ou trois autres seraient toujours en vie, et donc en liberté, a priori du côté de la frontière algérienne», a fait savoir Pierre-Yves Schneider, porte-parole de l’association.

Selon lui, «tout doit être entrepris pour que les suspects soient arrêtés, même s'ils sont en Algérie. S'ils sont tués ou restent en liberté, l'impunité aura gagné». Ces propos ont été tenus en présence de Marie-Solange Poinsot, la mère de Ghislaine Dupont, et d'Apolline, la fille de Claude Verlon. Aussi a-t-il ajouté, «Jean- Marc Herbaut, juge d’instruction chargé de l’enquête, avait reçu les représentants des familles, leur avocats et les parties civiles dont Radio France Internationale (RFI)».

Mais même si les meurtriers de Guislaine Dupont et de Claude Verlon sont connus, il est impossible d'aller les chercher à Kidal, une zone de conflit. «Les noms des coupables, on les connaît. On pourrait dire qu'il suffit d'émettre un mandat d'arrêt. Mais c'est Kidal, c'est une zone de conflit. Aller les chercher, ce n'est pas simple», déplore Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde, qui regroupe RFI et France24.

Rappelons que Ghislaine Dupont et Claude Verlon, âgés respectivement de 57 ans et 55 ans, ont été kidnapés, puis assassiné à Kidal, à l’occasion d’un reportage. Leur meurtre s’est déroulé quelques mois après le démarrage de l’opération militaire française Serval contre les jihadistes dans le nord Mali. Mais fin janvier, une enquête diffusée sur France 2 remettait en question cette version. On y apprenait que l'assassinat des journalistes pourrait être lié aux négociations pour la libération des otages d’Arlit, au Niger. Thèse également soutenue par l’émission Envoyéspécial, selon laquelle «le meurtre des journalistes de RFI serait des représailles des ravisseurs qui n’ont pas reçu une partie de la rançon qu’il réclamaient.»

Selon les enquêteurs français, ces thèses sont peu crédibles. Une réponse qui n’est pas du goût des familles des victimes qui la qualifie de «décevante et arbitraire». Toutefois, elles n’entendent pas baisser pas les bras, attendant que «la vérité éclate», «une victoire pour la liberté de la presse», ont indiqué, à Dakar, les participants.

Jeudi 3 novembre a été remise, à Dakar, la bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon à deux Sénégalais, Arona Diop, un jeune journaliste de 33 ans et Nicole Diédhiou, une jeune technicienne. La remise du prix s'est faite en présence de l’ambassadeur du Mali au Sénégal, de l’ambassadeur de France au Sénégal, de la fille de Claude Verlon et de la mère de Ghislaine Dupont, très émues.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 04/11/2017 à 11h39, mis à jour le 04/11/2017 à 11h45