Le chef du gouvernement sénégalais est allé jusqu’au bout de son exercice de transparence. Après sa longue séance de justification et de mise au point lors de son point de presse du mardi – il avait promis de mettre en place une task-force chargée de publier les contrats pétroliers – le gouvernement est passé à l’acte, sans attendre les autres parties. Objectif : éteindre définitivement la polémique autour de cette question.
Ainsi donc, depuis hier les 6 accords ou contrats pétroliers paraphés par l’Etat du Sénégal avec des compagnies d’exploration sont en ligne sur le site du gouvernement et peuvent être consultés par le grand public. Parmi ces fameux contrats téléchargeables en PDF figure l’accord d’association entre la Société des pétroles du Sénégal (PetroSen) et Petro-Tim Limited, qui concentrait toute la polémique du fait de ses liens avec Aliou Sall, le frère du président sénégalais.
A travers cet acte, le gouvernement cherche à «montrer à tout le monde qu’il n’y a rien à cacher et que tout a été fait dans le respect des lois et règlements en vigueur et dans l’intérêt supérieur de la nation», explique Seydou Guèye, le porte-parole du gouvernement sénégalais.
Si, dans l’ensemble, la société civile salue le «respect de la parole» et «un acte fondamental» posé par le gouvernement à travers la publication de ces contrats, certains restent toujours sur leur faim. «Il y a des interpellations par rapport à un certain nombre de questions sur lesquelles peut-être certains attendaient des réponses, notamment le caractère imposable des transactions qui sont intervenues après l’octroi des permis d’exploration», explique Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH) dans les colonnes du quotidien national «Le Soleil» dans son édition du jour.
Et c’est bien ce point qui est à l’origine de la polémique. En effet, dans un communiqué publié la semaine dernière, le ministère de l’Economie, des finances et du plan expliquait que les activités de recherche et d’exploration sont exonérées d’impôts. Quid des transactions qui sont intervenues entre Petro-Tim (société représentée par Aliou Sall) et Kosmos Energy? La somme décaissée par Kosmos était-elle imposable ou pas? Est-ce que la personne d’Aliou Sall a pu avoir une influence sur la confirmation de la licence accordée à Petro-Tim?
Autant de questions que continuent de se poser la société civile –et sans doutent beaucoup de Sénégalais– et qui font que le débat est loin d’être clôt. Mais la publication des contrats a permis, au moins, d’avancer dans ce débat.