Sénégal: la réfection du "Building administratif" devient une Bérézina budgétaire

Le Building administratif du Sénégal : le bâtiment qui abritait tous les ministéres du pays.

Le Building administratif du Sénégal : le bâtiment qui abritait tous les ministéres du pays.. DR/

Le 05/05/2017 à 10h50, mis à jour le 05/05/2017 à 12h21

La facture de la réfection du "Building administratif" ne cesse de s'alourdir. Après une première rallonge de 2,4 milliards de francs Cfa (3,6 millions d’euros) accordée a l’entreprise Bamba Ndiaye Sa, un autre avenant de 6,4 milliards de francs Cfa (9,6 millions d’euros) vient de s'y ajouter

Le contribuable sénégalais n’a pas fini de payer pour la réfection du Building administratif, imposant immeuble d'une dizaine d'étages. A la surprise générale, entre 2013, année d’attribution du marché à l’entreprise Bamba Ndiaye SA, et 2017, deux avenants ont été signés entre le donneur d'ordre et l'entreprise adjudicataire. 

Ainsi, par l’intermédiaire de la primature, l’Etat du Sénégal accorde une rallonge équivalente à 6,4 milliards de francs CFA à l’entrepreneur. Cette deuxième rallonge ajoutée à la première estimé à 2,4 milliards de francs Cfa augmente ainsi les dépenses liées à la réfection du Building administratif à 8,8 milliards de francs Cfa.

Le président Macky Sall voulait «une gouvernance sobre et vertueuse» à son arrivée au pouvoir en 2012, cependant ce marché a été accordé à Bamba Ndiaye SA après un appel d’offre restreint. Et depuis son attribution, les changements ne cessent d'augmenter la facture. 

Une réfection qui coûte 39 milliards au contribuable

Dès son attribution en 2013, ce marché avait soulevé une vive polémique. A l’époque, l’Etat ne parlait que de 17 milliards et les architectes et professionnels du bâtiment étaient les premiers à montrer leur inquiétude.

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Aujourd'hui encore, les questions se posent. Alors que la construction de la Cité de l’émergence, avec ses 17 tours de 10 étages chacune, était estimée à 21 milliards de francs Cfa, pourquoi la réfection du simple Building administratif coûte 39 milliards? Fodé Diop, le président de l’Ordre des architectes était le premier à s'élever contre «l’opacité» qui a entouré l’attribution de ce marché.

«Les autres concurrents, à part Bamba Ndiaye SA, étaient inconnus du bataillon», dénonçait aussi Birahim Seck, membre du conseil d’administration du Forum civil. Plus inquiétant aussi, «l’adjudicataire n’a aucune qualification en matière de construction», avait-t-il continué.

Pour le moment, l’Etat maintient le flou total sur ce marché qui pourtant concerne tous les Sénégalais. "Ce sont ces genres de projets qui crèvent le budget de l’Etat", avait fait remarquer le militant de la société civile

Selon lui, "il y a une autre erreur fondamentale que l'exécutif sénégalais est en train de commettre. Des concessions de services publics sont en train d'être faites au profit d'entreprises privées en se basant uniquement sur les procédures de passation de contrats prévu dans le Code des marchés publics. Pourtant, ce sont des contrats qui doivent être conclus en respectant les dipositions de la loi portant contrats de partenariat public/privé (PPP), qui est plus spécifique.

De même, le gouvernement et certains de ses démembrements sont en train de faire un forcing pour réaliser des projets avec des paiements différés à travers le Code des marchés publics», avait aussi déploré Birahim Seck dans l’émission «Grand jury».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/05/2017 à 10h50, mis à jour le 05/05/2017 à 12h21