Sénégal: Erdogan dit merci à Macky Sall et fâche les parents d’élèves

Macky Sall et Recep Tayib Erdogan

Macky Sall et Recep Tayib Erdogan. dr

Le 03/03/2018 à 15h33, mis à jour le 04/03/2018 à 09h45

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan salue la décision de l’Etat du Sénégal de fermer les établissements Yavuz Selim dans tout le territoire national. L’homme fort d’Ankara invite les parties impactées par cette décision à faire confiance à la fondation Maarif.

Le président turc est apparu à Dakar, très sensible au soutien de l’Etat du Sénégal, par la fermeture des écoles Yavuz Selim. Recep Tayyip Erdogan l’a fait savoir hier, lors de sa conférence de presse conjointe avec le président Macky Sall, en marge de sa visite de travail de 48 heures au Sénégal. Il a remercié l’Etat du Sénégal pour sa prise de position, aux côtés de la Turquie après la tentative de coup d’Etat en Juillet 2016.

En effet, après le putsch manqué que Recep Tayyip Erdogan à attribué à Fethulah Gülen, Ankara avait émis sa volonté de voir fermées les établissements Yavuz Selim dans le monde. Le Président Turc avait accusé son opposant basé aux Etats-Unis, d’avoir orchestré dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, ce coup d’Etat. Il fallait ainsi, pour l’homme fort d’Ankara, éliminer ces écoles qui seraient un instrument de propagande pour Fethulah Gülen. Lors de l’exécution de cette décision en octobre 2017, le président Macky Sall avait même reconnu que ces écoles étaient fermées suite à une requête de l’Etat turc.

Ainsi l’a aussi reconnu Recep Tayyip Erdogan, «le Sénégal est pour la Turquie un ami précieux mais aussi un partenaire stratégique. Il a prouvé qu’il est l’ami de la Turquie lors des temps difficile du 16 juillet 2016! Je remercie le gouvernement du Sénégal pour sa solidarité lors de cette tentative de coup d’Etat. Nous n’allons jamais oublier cette attitude noble. Nous allons continuer avec détermination la coopération avec le Sénégal concernant la lutte contre le Mouvement de Gülen».

Il a toutefois tenu à rassurer les parents des 3000 élèves qui fréquentaient les écoles Yavuz Selim au Sénégal en les invitant à accorder leur confiance à la Fondation Maarif qu’il propose comme alternative. Nous allons former dans les écoles Maarif des générations qui aiment leur patrie, travaillent pour leur pays et leurs familles. Ces école vont continuer leurs activités sous l’assurance des Etats turc et sénégalais», a-t-il précisé.

Toutefois les parents d’élèves et les enseignants des écoles Yavuz ne lâchent pas prise après la décision de l’Etat du Sénégal de confier la gestion des établissements Yavuz Selim à la Fondation Maarif sur demande des autorités turques. Ils ont profité de la visite du chef de l’Etat turc pour montrer le désarroi causé par cette décision et manifester leur mécontentement. Ainsi, à travers un point de presse, ils ont lancé un appel à l’endroit de Erdogan pour qu’une solution soit trouvée à ce problème causé par la fermeture de ces établissements. Ces parents d’élèves peinent toujours à récupérer les frais d’inscriptions de leurs enfants. Cette situation qui perdure a fortement perturbé la scolarité de ces derniers.

Il faut reconnaitre que certains parents d’élèves avaient intégralement, ou à moitié, payé la scolarité annuelle. Et avec la non récupération de leur argent, ils peinent à honorer leurs engagements avec les autres établissements dans lesquels sont inscrit leurs enfants. Selon Bassirou Kébé (un parent d’élève, «les parents d’élèves ne dorment plus du fait de la proximité des mensualités pour leurs enfants. De plus, près de 40% de ces enfants réinscrits ont été exclus. Du coup il faut dire que certaines parents ont toutes les difficultés du monde pour couvrir les frais de scolarités. Pour ceux qui avaient versé la totalité ou partiellement les frais de scolarité de leurs enfants, ils ont échangé avec le président du Conseil d’Administration, mais malheureusement c’est toujours le statu quo».

Et pourtant, d’après les propos de Madiambal Diagne (ex président du Conseil d’Administration de Yavuz Selim), «le Président Macky Sall avait donné des instructions au ministre de l’Economie et à l’Agent judiciaire de l’Etat, mais cette décision tarde à être exécutée », s’est désolé M. Kébé.

L’autre problème est lié, selon lui, par le fait «qu’il ne soit pas facile pour un élève de quitter un établissement pour un autre. Et que cela va sûrement impacter les notes des enfants».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 03/03/2018 à 15h33, mis à jour le 04/03/2018 à 09h45