A peine une semaine après la mort de l'étudiant Fallou Sène, tué dans une confrontation avec les gendarmes, la vérité commence à se faire jour dans le dossier des retards de paiement des bourses d'études.
Les enquêteurs de l’Inspection générale d’Etat (IGE) ont passé au peigne fin la gestion des bourses des étudiants, sur instruction du président de la République, à la suite du meurtre de Mouhamadou Fallou Sène à l’université Gaston Berger (UGB).
Les hommes de François Collin, vérificateur général, se sont exécutés depuis le jeudi 17 mai dernier et tentent de voir plus clair sur ce dossier qui est à l’origine des manifestations de l’ensemble des étudiants des différentes universités du Sénégal.
L'enquête révèle, selon les quotidiens Le Soleil et L’As, «un scandale d'État au regard des conclusions du rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) du ministère de l'Économie, des finances et du plan, sur la période 2016-2017». Des malversations estimées à plus 5 milliards de francs CFA.
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Selon les premières conclusions de l’enquête de l’IGE, 5,681 milliards de francs CFA (8,54 millions d’euros) ont été indûment versés à plus de 10.000 faux étudiants, sur les 39.314.909 milliards de francs CFA (59.120.163 millions d’euros) qui étaient réservés aux étudiants boursiers. Toutefois, cette escroquerie ne concernerait pas uniquement l’année académique écoulée parce qu’elle est aussi remarquée durant l’exercice 2014-2015.
Des fonctionnaires «boursiers»
En en croire les informations données par Le Quotidien, mardi 22 mai, le gros de cette manne financière est allé à des personnes qui ne font plus partie des circuits académiques. Selon ce journal, «9.571 personnes non inscrites dans une école ou une faculté universitaire» ont perçu des bourses.
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En détail, «52 étudiants suivant une formation payante ont reçu 25 millions de francs CFA, et si on remonte à 2014, le total des sommes affectées à cette catégorie de non-ayants droit, s'élève à plus de 1,80 milliard de francs CFA, ce qui représente 3.487 bourses», dont des bourses entières, des demies-bourses et des bourses de 3e cycle.
Un calendrier universitaire qui échappe les autorités académiques
Le mal est d’autant plus profond que 582 étudiants ayant passé l’âge normal et 871 «cartouchards» (étudiants ayant échoué à deux examens de suite) et 131 fonctionnaires ont continué à bénéficier de bourses. Ces trois catégories de faux étudiants ont touché respectivement 85 millions de francs CFA, 382,70 millions de francs CFA et 85,51 millions de francs CFA.
En conclusion, l’IGE souligne que, tout le débat sur les retards de paiement des bourses des étudiants est causé par «ces irrégularités». Et que si rien n’est fait pour la maîtrise du calendrier universitaire par les «autorités académiques», ce problème du paiement des bourses des étudiants va perdurer.