Sénégal: Le ministre de la Santé ponctionne les salaires des grévistes

Gréve des travailleurs de la santé

Gréve des travailleurs de la santé. dr

Le 11/12/2018 à 13h36, mis à jour le 11/12/2018 à 13h40

Le ministre de la Santé, Abdoulaye Sarr, vient de demander à son collègue de l’Economie et de Finances de ponctionner les salaires des travailleurs de la santé, actuellement en grève. Une décision qui ne semble pas ébranler le mouvement initié par l’Alliance des Syndicats autonomes de la santé.

Nouvel acte dans le bras de fer qui oppose le ministre de la Santé et de l’action sociale et l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas / And Gueuseum).

Abdoulaye Diouf Sarr, qui avait promis de ponctionner les salaires des travailleurs de la Santé qui se mettraient en grève, vient de mettre ses menaces à exécution.

Il a demandé au ministre de l’Economie, des Finances et du Plan de ne pas verser aux grévistes une partie de leur paie des mois de novembre et de décembre. Cette sanction touche aussi les agents contractuels des établissements publics de la Santé, également en débrayage.

L’alliance de syndicats autonomes de la Santé (Asas/And Gueuseum) campe, de son côté, sur sa décision d’exécuter son 16e plan d’action, malgré cette lourde sanction venant de son ministre de tutelle. 

«Si le ministre estime devoir ponctionner les salaires pour nous voir reculer, il se trompe. Nous ne reculerons pas», a rétorqué Mballo Dia Thiam, secrétaire général de ce groupement de syndicats. 

Selon le secrétaire général de l’Asas, en prenant cette décision, "le ministre se trompe d’époque et d'interlocuteurs". Il a par ailleurs précisé que "cela fait partie du droit du travailleur d’aller en grève, pour qu’on prenne ses revendications au sérieux".

«Nous posons nos actes en toute légalité. Nous déposons des préavis de grève sur des questions administratives et financières», a-t-il ajouté, avant de préciser que «depuis le 11e plan d’action, les services du ministère de la Santé n’ont pas réagi».

Mballo Dia Thiam et ses camarades de l’Asas semblent, aujourd'hui plus que jamais, décidés à aller jusqu’au bout de cette lutte syndicale.

«Nous avons le droit à la négociation, mais eux aussi, ils ont le devoir de nous convier à une table des négociations. Maintenant, si le ministre pense (devoir) couper des salaires en guise de réponse, il n’a qu’à le faire. Nous sommes prêts à payer le prix», a ajouté le secrétaire général de l’Asas, qui a promis une réaction des travailleurs de la Santé dès la semaine prochaine.

«Nous sommes en train de travailler à la riposte. Nous allons nous réunir la semaine prochaine pour peaufiner une stratégie à adopter», dit-il, avant de décréter la poursuite, pour 72 heures supplémentaires, de ce mouvement de grève jusqu’à ce jeudi 13 décembre 2018.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 11/12/2018 à 13h36, mis à jour le 11/12/2018 à 13h40