Sénégal. Présidentielle: les candidats se bousculent à la cellule de Khalifa Sall

Khalifa Sall, maire de Dakar, est accusé de détournement de fonds publics.

Khalifa Sall, maire de Dakar, est accusé de détournement de fonds publics.

Le 29/01/2019 à 11h49, mis à jour le 29/01/2019 à 11h52

Les 5 candidats retenus à la présidentielle sénégalaise du 24 février multiplient les rencontres pour trouver des alliés parmi les 20 qui n’ont pas survécu au parrainage. Recalé par le Conseil constitutionnel suite à sa condamnation, l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, est le plus courtisé de tous.

L’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, dont la candidature à la prochaine présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a reçu la visite de deux candidats à la prison de Reubeuss. Idrissa Seck, le leader du parti «Rewmi» («Le pays») s’est rendu en premier, hier, lundi 28 janvier 2019, à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss pour s'entretenir avec l’ancien maire de Dakar. L'occasion rêvée le candidat Idrissa Seck de critiquer ouvertement le régime de Macky Sall qui, a-t-il déclaré, a «instrumentalisé la justice» à des fins purement politiciennes.

«Tous les leaders de l’opposition partagent la même ambition de mettre un terme à la mauvaise gouvernance, au recul de notre système démocratique, à l’échec de la politique économique qui engendre des souffrances pour les populations», a également affirmé le leader du «Rewmi» à l’issue de son tête-à-tête avec Khalifa Sall.

Quant au fait qu'il décide de la libération du toujours très populaire Khalifa Sall au cas où il serait élu, Idrissa Seck a été sans équivoque: «si je suis élu président de la République, je viendrais prendre Khalifa Sall ici [à la prison de Rebeuss, Ndlr] », a-t-il déclaré sans détour.

Cette position, qu’il partage avec la plupart de leaders de l’opposition, pourrait faire pencher la balance pour une possible alliance entre son parti, Rewmi, et la coalition désormais défaite «Khalifa président en 2019».

Madické Niang, lui aussi candidat à la présidentielle du 24 février prochain, a lui aussi rendu visite à Khalifa Sall, quelques heures seulement après celle d’Idrissa Seck.

Evoquant l’ex-maire de Dakar devant les journalistes, il s’est d’abord «réjoui» d’avoir trouvé «un homme serein et en très bonne forme».

Mais cette visite n’était bien entendu pas seulement amicale.

Les deux hommes ont aussi discuté des prochaines élections présidentielles, et tout comme l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, Madické Niang, plusieurs fois ministre de la Justice et ancien chef de la diplomatie sénégalaise sous le mandat d'Abdoulaye Wade, a déclaré que s'il était élu à la magistrature suprême, «Khalifa Sall sera libre au lendemain» de son élection.

Mais cette position du leader de la coalition «Madické 2019» n’est pas conditionnelle au soutien de l'ancien maire de Dakar à sa candidature. Madické Niang a tenu à préciser qu'« Il [Khalifa Sall, Ndlr] sera libre si les Sénégalais [le] choisissent. Qu’il soutienne ou non [sa candidature]».

Avec les visites de ces deux candidats, la grande popularité de Khalifa Sall est ainsi démontrée avec éclat. Et même du fond de sa cellule, Khalifa Sall continue ainsi à peser sur le scrutin du 24 février prochain... 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 29/01/2019 à 11h49, mis à jour le 29/01/2019 à 11h52